Jaoul,  Raoul en occitan, est un nom de famille, un nom de village (Lescure-Jaoul, en Aveyron). Mais c'est surtout...

    "... le nom d'un mas abandonné du haut Languedoc, situé près de la bordure rocheuse d'une combe...
    J'ai vécu dans cette combe, il y a quelques années avec ma famille, dans une petite communauté agricole : les Cazals. Comme je n'arrivais pas à vivre heureux dans ce que propose notre bonne société d'abondance matérielle, j'étais parti goûter une autre façon de vivre plus proche de ma nature. Et le dimanche, ou bien quand la vie communautaire devenait pesante, j'allais me recueillir seul au mas de Jaoul. J'aimais faire revivre en moi l'époque où il avait été habité. Des gens qui avaient cru en une vie rythmée par le temps qu'il fait, l'avaient bâti à la fin du dix-neuvième siècle. Ils y avaient mené une vie dure bien sûr, mais libre, avec la terre, les animaux et les plantes. Puis, à peine une génération plus tard, la guerre avait fauché les hommes. Les femmes meurtries et découragées s'étaient repliées sur la ville. Depuis, Jaoul était désert. Il n'avait pas, ô miracle, été transformé en résidence secondaire. On pouvait encore y voir des traces sur les murs, des charrettes et des outils agricoles d'un autre temps, envahis par les ronces. A part le toit en partie défoncé, presque rien n'avait été effacé ou dérangé depuis l'abandon du mas. La présence de ses occupants était si forte qu'on aurait pu les voir revenir et reprendre le cours de leur vie.
    Cette vie qui s'était interrompue là, je la pousserai plus loin avec Jaoul, mon bateau..."


    Extrait du roman "Jaoul avant le grand départ" - Régis LESAGE - 2003