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Croisière galicio-lusitanienne

Galice - Portugal - Açores
Croisière en solitaire pour une grande partie
saison 2014

Le projet


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Un alller à travers le golfe de Gascogne, puis le long des côtes galiciennes,  portugaises.
Visite de l'archipel de Madère.
(depuis, j'ai renoncé à Madère pour cause de temps disponible insuffisant)
Visite de l'archipel des Açores.
Puis, en septembre, un retour sans escale Flores-Carentan  de 1450 milles, soit  entre 10 et 13 jours de mer, si le temps le permet.
(Flores n'a pas été visitée. Retour depuis Terceira. 14 jours de mer.)
Soit une virée de 4000 milles environ.



De Carentan  à l'île de Bréhat

Mercredi  7 mai 2014, île de Bréhat.

    Le départ a été donné à l'heure dite, en fanfare puisque Jean le Suisse, Guillaume (avec son appareil photo pour immortaliser l'instant) et Armelle m'ont accompagné à bord jusqu'à l'écluse.
    Partir dans une ambiance de franche rigolade permet de mieux appréhender la solitude qui suit.
    La première journée du voyage s'est faite avec un bon vent en compagnie de Skewel IV, le bateau d'Alain et de Michelle.
    J'ai mouillé comme d'habitude à Querqueville dans la rade de Cherbourg pour y passer la nuit. L'endroit n'est pas  plaisant, mais il est bien protégé et permet le repos. Rien à voir avec le mouillage dans lequel  je suis présentement qui est d'une grande beauté (Bréhat, la Chambre)
    Le  lendemain, je doublais le cap de la Hague et m'immisçais entre Aurigny et Guernesey. Le courant et le jour me lâchèrent peu après.
    La première nuit en mer m'est toujours difficile. Surtout quand le froid est vif et qu'il faut tirer des bords contre le vent avec un courant contraire (voir l'image suivante). Et puis, je n'éprouve guère de plaisir à repasser par ces mêmes endroits dont il faut s'extirper avant d'entrer dans la chair du voyage.
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  Le matin du mardi était attendu avec impatience, avec le jour pour y voir clair, le soleil pour me réchauffer et l'espoir de ne plus voir cette côte honnie, Guernesey, en vue de laquelle je suis resté bien trop longtemps.
  La mer devient onctueuse, le vent baisse.
  Le phare des Roches Douvres.
  La bouée ouest du plateau de Barnouic.
  Le vent tombe.
  Moteur pour arriver à Bréhat par le chenal à l'est de l'île.
  Le paysage attachant rachète la nuit maussade.
  Jaoul entre à marée haute dans le mouillage de la Chambre.
  Beauté du lieu.
    
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    La photo ci-dessus, prise une heure après marée haute, montre la trop grande proximité entre Jaoul et le rivage, les algues étaient plus lointaines hier à la même heure.
    J'allume le sondeur. 2m50 de hauteur d'eau. Pas de doute, sous l'effet du vent Jaoul a déplacé le corps mort qui tient la bouée.
    A déguerpir rapidement.
    Moteur.
    Une autre bouée plus loin, avec de l'eau sous la quille et de l'eau à courir au cas où.
   
    La météo. Elle me hante depuis quelques jours. Les fichiers GRIB téléchargés montrent qu'un courant d'ouest assez fort va persister jusqu'en fin de semaine.
Voici la prévision pour demain à midi:
force 5 à 6 de suroît.
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  La direction m'intéresse quand même, car c'est de l'ouest qui est annoncé pour les autres jours, mais la force du vent me m'incite pas à prendre la mer, même si j'ai changé le grand génois  contre le petit yankee plus adapté au près par temps soutenu.

  Hier, j'ai passé la fin de la journée à recoudre ce grand génois. Il avait des trous qui risquaient de s'agrandir.
  L'enroulage de la toile par temps soutenu l'use prématurément.
  C'est comme ça que l'idée du yankee m'est venue.
  Pour préserver le génois fatigué.
  Pour le réserver aux allures portantes des alizés portugais.


Jeudi 8  mai 2014, île de Bréhat.

  Dehors, c'est vent de force 5 à 6, et dans le nez pour progresser dans l'ouest. Vaut mieux attendre à l'abri que ça faiblisse en tapotant sur l'ordi pour renseigner ce site plutôt que galérer secoué par un court clapot qui fait désespérer d'avancer sur la route.
  Demain c'est prévu que ça baisse d'un cran. Force 4 à 5. Dans le nez, évidemment ! On peut pas tout avoir, quand-même !
  Alors, je risquerai un saut de puce, qui me prendra bien la journée à tirer des bords, pour aller mouiller en rade de Perros-Guirec.

   
    En attendant, voici les photos de Jaoul à son départ de Carentan prises par Guillaume et publiées sur son site:
http://aita.openstates.com/

    Qu'il en soit ici remercié.
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    Et maintenant, il pleut.


Samedi 10 mai, île de Bréhat.

    Le vent d'ouest souffle force 6 à 7, parfois 8, interdisant tout appareillage immédiat. Le beaucissement est prévu pour mardi prochain. D'ici-là, il faut occuper son temps, comme par exemple, avec de la prestidigitation. Voici comment j'ai réussi à disparaître dans l'épaisseur du plancher: 

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Meuh, non, voyons !

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J'ai, tout simplement, transformé le carré de Jaoul en salon de coiffure.
Et voilà le travail !


Et puis, je peux améliorer aussi ma technique boulangère...

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... sauf que ,cette fois-ci, j'ai oublié le sel !



De Bréhat à Audierne

Mardi 13 mai, départ de Bréhat.

    Huit jours pleins à séjourner à l'intérieur du bateau, sont moralement éprouvants pour le solitaire. C'est le moment que choisissent  mes démons intérieurs (choses affectives pas réglées) pour me refiler des humeurs pourries.
    C'est donc avec soulagement que je quitte le mouillage de la Chambre à 6h50 pour profiter d'un noroît encore assez fort pour me diriger vers la sortie de Manche.
    En effet, mercredi le vent tombe alors que j'arrive vers 1h30 du matin à l'Aber Wrac'h. Je bénéficie encore de deux heures de courant portant mais c'est insuffisant pour gagner le prochain port, l'Aber Ildut, qui se trouve dans le chenal du four.
    Une petite heure de sommeil et me voilà de nouveau en mer quand le soleil se lève.

    Je souhaite franchir le chenal du Four et le Raz de Sein sur une même marée. Ce qui est réalisable à condition d'avoir une vitesse sur l'eau qui se soit pas inférieure à sept noeuds.
    Le vent portant et mon yankee qui m'a bien servi au près dans la brise, mais trop petit pour ce vent, ne me font pas espérer franchir le Raz de Sein.
    J'attendrai la marée du soir à l'anse de Berthaume.

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La Pointe St Mathieu

Mercredi 14 mai, mouilllage de Ste Evette.
   
    J'ai dormi trois heures dans l'anse de Berthaume.
    Le rivage boisé, rocheux sur une partie, et sableux sur une autre, de la commune de Plougonvelin est apaisant sous un ciel bleu intense. L'anse est bien protégée des vents d'ouest à nord-est.
    A 17 heures, je lève l'ancre avant la renverse. Puis le courant et le vent venant, je franchis à plus de 8nds sur le fond, le Raz de Sein, en m'écartant de la Plate au pied de laquelle la mer déferle.
    Ensuite, je suis surpris en prenant mon cap vers Audierne, alors que les courants du Raz sont portants pour encore trois heures, de voir que je boule du courant à hauteur de 2nds. Cela s'explique par un contre-courant qui longe la côte en remontant vers le Raz.  J'aurais gagné mon temps à prendre au large.

    J'entre à Ste Evette à 20h. A 20h30, après avoir assuré la tenue de mon ancre, je vais me coucher... Enfin !

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Jeudi 15 mai, Audierne.

    J'ai attendu la marée haute du soir pour entrer dans le port d'Audierne. Durant ce temps, j'ai changé le yankee pour le grand génois. Vu les prévisions météorologiques, c'est vent faible annoncé pour la traversée du golfe de Gascogne.
    L'amarrage aux pontons visiteurs est toujours un peu redouté dans ce port soumis à de forts courants. C'est pour ça qu'il convient d'y arriver par courant nul à marée haute.
    Me voici à couple d'un autre voilier au bout du ponton "F".


Vendredi 16 mai.

    En premier lieu, il me faut réparer la grand-voile qui menace de se déchirer. Mais avant, je suis accueilli par Jeff, un gars qui prépare son voilier Kaloni pour le voyage et me demande si j'ai besoin de quelque chose. Nous parlons de Madère, des Açores et je recueille auprès de lui de précieux renseignements.
    Dans l'après-midi, il me donnera un guide de navigation Espagne-Portugal en français (je n'avais qu'une version anglaise à bord) tandis qu'il ira faire une photocopie d'une de mes cartes de Galice.
    Un autre marin, Jean-Yves, qui prépare son voilier de 31 pieds pour se rendre en mer Noire, m'échange deux grosses pièces à réparer les voiles contre des copies de mes logiciels de cartographie (open-cpn) et calcul de marées.
    Audierne, port d'escale et de préparatioin au voyage, sous un soleil radieux, ne me donne pas envie de partir. L'accueil, non seulement celui des navigateurs, mais aussi celui des commerçants et des responsables du port est chaleureux.
    Je m'y sens bien.

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    J'attends l'arrivée d'Armelle au milieu de l'après-midi. Demain, nous appareillons pour Camarinas en Galice, à marée haute vers 8h, cap à 217° pour une traversée de 355 milles, soit une durée de 3 à 5 jours suivant le vent...
  ... Et ce que la Météo prévoit n'est guère encourageant pour un voilier: la pétole.




Le golfe de Gascogne

Du dimanche 18 mai au jeudi 22 mai au matin.

    Sortis d'Audierne, après un bref au-revoir aux amis de Carentan venus mouiller à Ste Evette pour accompagner le grand départ de François, nous voilà cap au 209° que nous tiendrons jusqu'à ce que la côte de Galice sorte de l'horizon.
  Comme  il fait très beau et que la mer est lisse,  c'est au moteur que nous avançons, la grand-voile haute pour éviter le roulis. L'idée que ce temps dure toute la traversée m'insupporte. Je guette le moindre frémissement de l'eau afin de déterminer si ça vaut le coup de dérouler le génois afin de recueillir suffisamment de vent pour pouvoir couper le moteur.

  A 18 heures, le bulletin météo pour les 24 heures suivantes tombe sur le Navtex: variable 1 à 3 beaufort,  sud à sud-est 5 à 6 sur l'est des zones Rochebonne et Yeu. Ce n'est pas pour nous.
 
  La nuit.
  Caleçon ouatiné salopette et veste de quart. C'est frais quand-même !
  Armelle a fait son nid dans le lit breton à l'avant. Elle a l'air de s'y plaire.
  Je n'arrive pas à dormir. Je me repose allongé sur le plancher du carré devant la table à carte avec un oeil sur les instruments et la trace que laisse Jaoul sur l'écran de l'ordinateur.

  Jusqu'au mardi, on alternera moteur et voile à parts à peu près égales.
  Puis, mardi à 16 heures, un suroît inopportun nous obligera à tirer des bords.
  Vers 23 heures, on tiendra le 206° au bon plein, génois roulé au trois-quarts et grand-voile au premier ris.
  Reste 127 milles à parcourir.

  Durant les bords de près, Armelle sort de son nid pour occuper alternativement l'une des couchettes du carré. Elle semble très à l'aise dans le bateau.
 
  Mercredi. Jaoul marche bien sous les nuages à grains et adopte toutes les allures. Il faut régler souvent voiles, dérives et pilote. En dehors des systèmes nuageux, le moteur pallie à l'absence de vent.
  Le bulletin Météo-France tombe à six heures du soir. Finisterre: vent d'ouest 5 à 7 devenant 5 à 6 demain. Jaoul marche bien  avec deux ris dans la grand-voile et génois roulé au deux tiers. Je compte joindre Camarinas avant le grand frais annoncé.
  Je suis à peine remonté dans le cockpit que le vent forci d'un coup. Le grand frais est déjà là.  Je roule encore du génois. La mer est calme pour l'instant.
  Avec la nuit qui vient, elle grossit et quelques lames bien ourlées bousculent Jaoul.
  Puis le bruit sourd d'un sac qu'on éventre suivi du faseyement habituel d'une voile qui claque. J'ai compris sans le voir que mon génois vient de se désintégrer.
  Je sors dans le cockpit pour enrouler les lambeaux qui claquent.
  A l'anémomètre à main, on a atteint force 8.
  Sans voile d'avant, Jaoul abat trop vers la dangereuse  costa de la muerte. Le moteur pour l'équilibrer.
  Une partie de la nuit se passe.
 
  La ria de Corme et Laxe comme abri. J'y pense un moment puis renonce. De nuit avec une mer grosse... Je préfère attendre le jour.
  Une déferlante fait virer le bateau. Nous voici désormais à remonter au nord est.
  Vitesse entre 3 et 4 noeuds. 
  Attendre le jour.
  Je somnole sur le plancher.
  La mer semble moins agressive. Serait-til possible de reprendre la route vers Camarinas ?
  Vers 5 heures, je vire de bord et reprend la route vers Camarinas. Moteur et  grand voile arisée.
  Le vent passe au nord ouest en se faisant moins dur.
  Cependant, il est froid, très froid.
 
  Le jour puis l'entrée dans la ria de Camarinas.
  Le port de Camarinas.
  L'ancre tombe devant.
  Puis dormir enfin !
 
  Le golfe de Gascogne en quatre jours pleins. Un temps instable. Un seul navire croisé, un cargo hollandais faisant route sur Gijon.
  Pas d'oiseaux de mer au large, sensation de vide.
  Un atterrissage musclé.

  Armelle est en pleine forme.
  

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°°°°°    La Galice    °°°°°

La ria de Camarinas


L'entrée de la ria, côte sud, avec l'église de la Virgen de la Barca.
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Jaoul mouillé entre le ketch de Tim et le bateau de son copain.
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  Je suis à peine remis des quatre jours sans dormir, du remplacement du génois en haillons par un yankee bien plus petit, d'une virée en ville que déjà Armelle ne tient plus en place avide de galoper dans la nature.  Elle m'emmène au phare du cap Villano, une randonnée d'une dizaine de kilomètres le long de la costa de la muerte. Si elle poursuit son machiavélique  dessein, elle  sera  la  causa de ma muerte.
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Ces écueils en disent long sur les drames qui se sont joués ici.

Voici, ci-dessous,  la liste des naufrages de ces cinquante dernières années au large du cap Finisterre.
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Le phare du cap Villano


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Samedi 24 mai, Camarinas.

    Avec l'annexe nous partons en exploration  de l'autre côté de la ria.

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Camarinas au fond


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Armelle, facétieuse, frappe un rocher... Peut-être pour ne pas frapper son skipper préféré.


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Dimanche 25 mai.

    On remonte en dinghy, la rivière de Ponte da Porto ou rio de Puente del Puerto, suivant qu'on parle gallego ou castellano. Nous, c'est ni l'un ni l'autre. Jusqu'à la petite ville de Ponte da Porto.
    Les rives bordées de pins et de plages de sable blanc, sauvages et désertes en cette saison, laissent la place à des jardins, des petits champs cultivés avec des bâtiments épars. Puis après un joli moulin et un chantier naval délabré, la ville apparaît dans une architecture contrastée déroutante pour des français où le très moche côtoie le beau.

   
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Le laid vient salir sans vergogne de jolis bâtiments dont personne, apparemment, ne se préoccupe.
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Nous laissons l'annexe dans la ville et nous poursuivons à pieds le long de la rivière.
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Dans la campagne, nous découvrirons nos premiers horreos, ces greniers qui caractérisent la Galice.
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    Dans le village, deux soeurs, dans un anglais approximatif, nous racontent leur exil forcé en Angleterre. Quand j'évoque l'époque de Franco, la plus vieille crache par terre maudissant el fascismo. Elles étaient et sont encore républicaines.
    C'est peut-être cette fracture qui explique cette dissonance architecturale qu'on retrouvera partout, mâtinée aujourd'hui du kitch ostentatoire des nouveaux riches.

  Par la suite,  nous rencontrerons d'autres exilés revenus au pays, parlant allemand, français...


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Lundi 26 mai, départ pour la ria de Muros.

Le cap Finisterre marque, à quelques choses près, le point le plus occidental de l'Espagne continentale.
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Muros

lundi 26 mai 2014

      Départ de Camarinas vers 8 heures du matin et arrivée à Muros en fin d'après-midi.
      Du petit temps pour remonter la ria, du bon temps pour contempler la côte qui défile. Il semble qu'on ait gagné quelques degrés de plus, non pas en latitude parce que dans ce sens on en perd plutôt, mais en température.

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Et pendant ce temps, Armelle se prélasse ou bien joue la star avec ses lunettes de soleil...
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ou fait le clown à la barre.

    Le mouillage devant Muros ne nous plait pas. Austère et bruyant. Nous décidons d'entrer dans la marina presque vide à cette saison. A la capitainerie, des salons avec des canapés où nous nous vautrons avec délices tandis que nous claviotons sur l'ordi, ou parlotons sur Skype pour donner des nouvelles et récupérer nos mèles.

    Muros, ce sont des ruelles étroites bordées de maisons à balcons de pierre, bow-windows ou étages en encorbellement. Il y a de belles façades carrelées comme celle-ci...
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  Mais aussi, il y a cet irrespect pour les vieilles pierres comme ici, une chapelle délaissée, coiffée par la hideur du bâtiment faisant saillie et écrasée par ceux à l'arrière-plan.
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Nous irons au marché acheter des produits locaux...
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    ... de gauche à droite, de la pâte de poire; de la tetilla, un fromage de vache en forme de cône que nous appellerons "tétine"; un fromage de brebis. La pâte de poire se mange avec la tetilla.

Et voilà ce qu'elle en fait, Armelle, de la tetilla...
 
Elle se la colle sur la tête d'un air innocent pour amuser la galerie...


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... ou bien elle se demande si elle ne pourrait pas l'utiliser
en chirurgie plastique
pour augmenter le volume de sa poitrine.
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Mercredi 28 mai, départ de Muros pour la ria de Arosa.
 
Armelle défait les pare-battages et tombe en amour avec l'un d'entre eux.
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L'île d'Arosa

Mercredi 28 mai, de Muros à l'île d'Arosa.

    Vent faible mais suffisant. Nous empruntons le passage délicat parmi  les rochers pour doubler la pointe entre la ria de Muros à celle d'Arosa.
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  Parmi tous les mouillages possibles dans la ria de Arosa, nous avons choisi arbitrairement celui de la Playa Arena de la Secada sur l'ïle d'Arosa. Mais, exposé au noroît, je devine que le clapot nous sera insupportable. Nous poursuivons sur Porto O Xufre, mieux protégé, malgré les images peu encourageantes d'une baie encombrée de bateaux de pêche et de viveiros, sorte de pontons flottants sur lesquels sont suspendus des cordeaux garnis de coquillages à élever. 
    Une vedette de la douane nous suit parmi les viveiros et attend que nous soyons mouillés pour nous aborder. Les douaniers ont été forcément prévenus par notre émetteur AIS (Automatic Identification System). L'abordage se fait sans heurt et deux douaniers en uniformes, très courtois, vont remplir des formulaires sur lesquels ils noteront toutes les informations nécessaires nous concernant. Puis ils s'en iront en nous laissant un double.
 
    Contrairement à l'idée qu'on s'en faisait, Porto O Xuffre est intéressant justement par la vie qui y règne autour de la pêche et de la culture des coquillages. 

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Le jour de notre visite à Arosa, il pluvinait un fin petit crachin qui n'avait rien à envier à la Bretagne.


Les femmes pêchent aussi, coques et palourdes, avec une drague munie de deux manches: l'un pour enfouir la drague dans le sable, l'autre pour la tirer et la retirer. Puis elle ensachent leur récolte pour la vendre au marché ou aux restaurants.
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Barques traditionnelles qui servaient à draguer les coquillages à la voile et à la rame.

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Près du mouillage de Jaoul, la pointe Caballo.
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Le village de l'île d'Arosa, San Xulian, ne présente guère d'intérêt. L'habitat ancien est délabré et peu entretenu, le neuf bon marché est laid, et le neuf nouveau riche est d'un kitch à faire fuir : ce sont des pavillons en granit gris ou beige avec des balustrades entourant maison et cour extérieure taillées dans le même matériau.
On retrouve le kitch religieux au cimetière parmi les tombes qu'on empile faute de ne pouvoir les enfouir en pays au sol de granit.
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Combarro

Vendredi 30 mai, départ de la ria de Arosa pour la ria de Pontevedra.

    A vrai dire, nous mettons le cap sur Combarro. A part ce village, ou plutôt cette partie ancienne de cette petite ville, la ria de Pontevedra n'offre pas d'intérêt particulier. Les rives sont construites et le fond de la ria est occupé par le port industriel de Marin.
  La ville de Pontevedra merite d'être visitée. Il faut remonter la rivière en amont de la ria en annexe. Le temps dont dispose Armelle ne permet pas de s'attarder.

                                                          Voici ce que note Armelle sur le livre de bord à propos du trajet...
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Ce qui est propre à ce village, c'est la disposition des horreos sur le rivage.
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Combarro, un village au bord de l'eau. Voici ce qu'on voit depuis Jaoul mouillé devant.
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De retour au bateau et pour clore cette promenade au soleil dans le village de Combarro, Armelle s'apprête à nous jouer du Country. Elle n'a pas bien compris que ce n'est pas chez les cow-boys que nous sommes mais en Galice , un autre pays de la cornemuse.
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Les îles Cies

Dimanche 1er juin, départ de la ria de Pontevedra pour les îles Cies, à l'entrée de la ria de Vigo

    Trajet d'une durée de presque cinq heures fait en majeure partie à la voile. Mouillage devant la plage de sable blanc qui fait tant rêver, playa Arena das  Rodas. Sauf que le dimanche, elle est bondée de monde comme une plage de la côte d'azur en été. Nous avons attendu lundi matin pour débarquer et prendre des photos.
    
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Et là, personne. Ca viendra vers 11 heures,
et raisonnablement.
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L'isthme et la lagune.
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la côte Ouest, escarpée.
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L'ïle San Martin, au sud.




La flore
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La faune

    Armelle éprise à nouveau de bougeote m'a poussé à grimper au phare qui est juché au faîte de l'île del faro. J'en ai bavé mais ça valait le coup.
  Puis, comme le vent semble virer un peu trop à l'est, nous changeons de mouillage pour ancrer dans le détroit en face de la belle plage de la côte sud de l'île del faro.


Mardi 2 juin.

  Tôt le matin, plusieurs barques de plongeurs avec compresseur d'air et bonne longueur de narguilé, ancrent tout près.
    Après un séjour d'un peu plus d'une heure sous l'eau à ratisser le sable par huit mètres de fond, les plongeurs ressortent avec un filet plein de couteaux. Ils se défont rapidement de leur équipement puis s'en vont.

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Armelle décide de se baigner.
Après une brève trempette dans une eau  limpide mais froide, la voici qui remonte en courant.
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Cependant, elle a contracté une terrible maladie des yeux très invalidante : la bernique.
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    Le soir, comme le vent vient à présent du sud-ouest, nous dérapons et retournons mouiller devant la grande plage.


Mercredi 4  juin, islas Cies.

    C'est la dernière journée de navigation d'Armelle. Elle en profite pour commencer à apprendre les manoeuvres sur un voilier.
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Nous levons l'ancre en fin de matinée.
Le vent de suroît nous pousse tranquillement vers Vigo, la dernière escale d'Armelle.
Elle est triste, elle n'a pas envie de débarquer.



Vigo

Mercredi 4 juin 2014, marina du Real Club Nautico.

  Tandis que je suis au bureau de la marina pour remplir les papiers administratifs demandés pour l'amarrage de Jaoul au ponton, Armelle plie et range ses affaires. C'est aujourd'hui que se termine son voyage à bord de Jaoul. Elle est profondément émue de quitter un bateau qui a fait son bonheur durant plus de deux semaines. Et ce d'autant plus que ce voyage confirme grandement ce qu'elle espérait. Elle ne souhaite désormais plus autre chose que de vivre sur un voilier.

  Pour me remercier et clore en beauté notre vie commune à bord de Jaoul, Armelle m'invite au restaurant. Après de délicieux poivrons farcis, c'est une seiche cuisinée dans son encre. Armelle apprécie ; moi, moyennement. La seiche est bien cuite mais un peu écoeurante à la longue. Heureusement, le repas est arrosé d'un excellent vin: un Condado de Sequieras.

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Jeudi 5 juin 2014, port de Vigo.

    A l'heure ou je prends mon petit déjeuner, Armelle est dans le bus qui la conduit à l'aéroport. Ce soir, elle sera à Paris. Je suis seul mais encore plein de sa présence, son charme, sa gaieté.

    Je désire partir demain pour Porto où une autre rencontre m'attend, celle de Madalena, une amie perdue de vue depuis plus de vingt ans. Cependant, le vent de sud persistant, avec son lot d'averses et de bourrasques, m'oblige à patienter quelques jours encore.


Dimanche 8 juin, port de Vigo.

  Hier, je me suis promené dans la ville. J'ai reconnu quelques endroits visités lors de mon escale de 1996 à bord de Talou, une goelette en acier de type Petit Prince. Le vieux Vigo, est immédiatement accessible dès la sortie du port. Prendre la rue en face, rua de Laxe et monter. A gauche une épicerie SPAR, appelée pompeusement supermercado (à 200m de la marina) fournit toute l'alimentation désirée.


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Le Vigo récent vu depuis Jaoul
dans la marina.
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Dans le vieux Vigo, la plaza de la constitucion.

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Plaza de la constitucion.

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La rue principale.

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Une rue commerçante, un samedi.
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Musiciens de rue.

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Balcons fermés, typiques.


  Tandis qu'à l'ordi je termine la mise en page de notre croisière en Galice, la pluie tambourine sur le rouf. Il m'aura fallu quatre jours pour mettre à jour ce site et parvenir à le télécharger avec une connexion Wifi de mauvaise qualité.
  Demain lundi, je quitte Vigo pour ancrer à l'entrée de la ria et récolter les premiers airs qui pousseront Jaoul vers Porto. D'après les fichiers météo que je reçois, mardi peut-être, mais mercredi les vents viendront du nord, c'est sûr.


Lundi 9 juin, départ de Vigo.

    Moteur et vent debout, Jaoul peine et "plante des pieux". Je renonce à Baiona, baie à l'entrée de la ria, déroule le yankee et fait route au près vers les Iles Cies. Au fur et à mesure que j'approche, le vent d'ouest  défléchi par l'île de San Martin s'oriente progressivement  au sud ouest  et permet à Jaoul de remonter au près jusque sur la plage où je mouille à l'abri du vent.


Mardi 10 juin au matin, île de San Martin.

    La petite pluie de la nuit a réveillé les odeurs épicées des pins et du maquis qui coiffe l'île, inaccessible pour cause de réserve naturelle. Je pense à Armelle qui a repris le boulot... Il y a huit jours déjà... Nous étions là-bas à gravir le chemin qui mène au phare.
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La pinède de San Martin
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Le chemin du phare de l'île de Faro
    A 14 heures, je lève l'ancre avant la bascule du vent prévue vers 17 heures et attendue depuis 5 jours.



     

   

°°°°°    Le Portugal    °°°°°

    La bascule du vent de suroît au noroît a bien lieu à l'heure dite. Un peu de moteur cependant pour faire la transition. A 19 heures le vent est nord et Jaoul le prend de l'arrière.
    La côte de Galice défile, falaises rocheuses, un petit port, jusqu'au rio Minho qui marque la frontière entre l'Espagne et le Portugal, fleuve difficile à embouquer à cause des bancs de sable qui barrent l'entrée et la houle qui y déferle.

    Entre le rio Minho et Viana do Castelo, la nuit tombe et les lucioles de la côte s'allument en un ruban ininterrompu.
    La lune sur l'encre noire et mouvante.


   
Mercredi 11 juin, 2heures du matin.

    Dans ma couchette, la sonnerie chaque demi-heure. Je sors faire un tour dehors et retourne m'allonger. Par le hublot, sur le feu vert en haut du mat, une étoile tente de s'y poser.
    Les lumignons des pétroliers en attente à tribord, à babord la raffinerie de Leiça illuminée comme un sapin de Noël.
    La lueur de la grande ville de Porto s'étale en flaque jusque loin en mer.
    A 5 heures, l'ancre tombe dans le port de Leixoes parmi les mastodontes venus se faire décharger.
    Le sommeil enfin.
    Trois petites heures.

Le trajet depuis Camarinas
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Porto

Mercredi 11 juin, 10 heures 

    La marina de Leixoes, les formalités, la douche.
    Prévenir Madalena de mon arrivée.

    Madalena, perdue de vue depuis 24 ans jusqu'à ce que je retrouve sa trace sur facebook.

    Au coin de la rue, je l'attends.
    Elle me voit la première. Une femme mince aux cheveux grisonnants, à son bras un petit garçon de neuf ans, Afonso. Je reconnais son sourire, son allure. Dans mon souvenir, elle était ronde et jeune. Je me dépêche de substituer la nouvelle image à l'ancienne.
    Le soir au bateau.
    On commence par évoquer nos souvenirs communs et puis on tente de combler le vide des 24 années. Pas facile, il  faut du temps, de l'écoute, tandis que le petit Afonso tournicote dans le bateau, intéressé par mille choses. Il pose des questions, sa mère traduit, je réponds, elle traduit de nouveau.
    Afonso ne tient plus en place, on va marcher dans la rue. Il fait nuit depuis longtemps, mais l'air est tiède. Les souvenirs remontent, les émotions aussi.
    Puis, c'est l'heure du retour. En autobus pour Madalena et Afonso.
    Nous reverrons-nous ? Madalena est très occupée. Je ne reste que huit jours à Porto.
    Je rentre à pied.
    Je pense à nos vies.
    Au temps qui a passé...
    Trop vite.



Vendredi 13 juin, Porto.
 
    Journée de visite de la ville. Des français prennent le bus et j'en suis. L'équipage de Ilios. On parle. Au terminus on se quitte, on se retrouvera le soir pour le retour, en métro cette-fois-ci, et l'apéro sur Ilios, une anisette.

  Le vieux Porto, celui que j'ai aimé en 1996 lors de ma première visite, c'est là que je vais en descendant du bus, en descendant les avenues jusqu'à la rive du Douro. 
  La ville basse sur les rives du Douro s'étage sur les coteaux. En bordure du fleuve, les maisons sont rénovées. En arrière, des rues étroites et sombres, quelques maisons insalubres habitées par des gens désargentés, des hommes y errent, désoeuvrés et surtout alcoolisés. Bientôt, comme dans tous les centre ville d'Europe, ils seront relogés dans des immeubles de banlieue et on rénovera leurs appartements pour y accueillir les touristes.


Voici un apercu de l'album photos sur Porto. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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L' HISTOIRE DU PORTO

  Au 18è siècle, un marchand anglais se rend compte que le vin Portugais qu'il expédie en Angleterre, digère mal son voyage en mer et arrive au pays transformé en piquette. Pour y remédier, il ajoute un coup de gnôle dans la barrique et ça marche ; le Porto vient de naître.
    En fait, ce vin sec et corsé, pourtant déjà fort en alcool subit, par nécessité, une véritable mutation, car l'adjonction d'eau de vie de vin stoppa sa fermentation naturelle mais fit aussi perdre au vin son acidité tout en lui conservant ses sucres.
Dès le 18è siècle, le Porto devient donc célèbre grâce à notre astucieux anglais mais aussi grâce à Colbert qui avait tellement taxé les vins français qu'il favorisa l'essor des vins Européens, en particulier, les Portos, nés au hasard d'une solution astucieuse.
   

Mercredi 18 juin 2014, Porto.

    Marcher jusquà la station Mercado, puis prendre le métro jusqu'à Trindade, j'ai rendez-vous avec Madalena. 
    Je m'assois  sur un strapontin.
    Une jeune fille devant moi.
    Elle n'a pas plus de 18 ans, et pourtant elle a tous les âges. Brune, mate, peau plus foncée autour des yeux, serrée dans une robe d'été noire, le regard noir.
    Ce pourrait être une arabe, une berbère, ou bien une sicilienne, c'est une portugaise. C'est la femme de tête, celle qui se marie pour la vie, celle qui tient la maison d'une main de fer, celle qui souffre sans rien dire, la femme d'honneur, la veuve au cimetière, la mater dolorosa.
    Je n'avais jamais vu, chez une fille si jeune, tous les ages de la femme méditerranéenne.
    Quand je me lève pour descendre du métro, je m'aperçois qu'elle est toute petite.

    Madalena, un chapeau de paille décoré de fleurs en tissu par dessus un fichu qu'elle a noué sur sa tête. Afonso à son bras qui regarde ailleurs. Nous descendons vers la rive du Douro.
    Nous mangeons dans un parc pour laisser Afonso jouer au ballon avec d'autres enfants.
    Le Douro la nuit, une nuit chaude; des relents de cuisine, des éclats de voix à la porte des tavernes ou des bars; des manches retroussées s'agitent pour débarrasser les tables, des rires, tandis que le fleuve scintille.
    Afonso mange une glace.
    Nous parlons.
    La nuit s'étire, Afonso s'impatiente.
    Il est tard.
    Un dernier bus, vite on s'embrasse.
    Cette fois-ci je m'en vais.
    Au revoir Madalena, au revoir Afonso...
    On s'écrit, hein !



Jeudi 19 juin, 12h30, port de Leixoes (Porto).
 
    Porto, une escale de huit jours. Je ne pensais pas y rester aussi longtemps, cependant les journées ont été bien employées: visite de la ville, mise à jour du site, courrier à écrire aux uns et aux autres, petit avitaillement à pieds d'abord, gros avitaillement à vélo ensuite (centre commercial trop éloigné du port), sans compter une journée complète de couture sur la grand-voile  (pièces collées et cousues sur des trous ou des parties usées).

    Je suis content de reprendre la mer, même si il n'y a pas assez de vent.
    Prochaine escale: Sao Martinho do Porto, entre Nazaré et Peniche, un mouillage dans une conche creusée par la mer dans des falaises calcaires.
La sortie de la marina

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Sao Martinho do Porto

vendredi 20 juin, 21heures, au mouillage.

  J'ai passé la nuit à avaler la centaine de milles au moteur aidé des voiles pour consommer moins de carburant. Une nuit presque sans vent et chaude sauf au petit matin.

  La plage est déserte, le Club Mickey gonflable est silencieux.
  Ca a piaillé toute la journée; des enfants en vacances.
  Sao Martinho doPorto, une conche à l'ouverture serrée entre les falaises. Du large, l'endroit parait sauvage. Ce n'est qu'au dernier instant du passage étroit qu'on découvre un lieu de villégiature estivale, des immeubles, des palmiers, des logements pour les vacances.
L'entrée de la conche.
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Le goulet derrière.
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Après le goulet, la plage bâtie.
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Les immeubles et le "Club Mickey" gonflable.
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    Je n'ai pas envie d'aller à terre parmi ces immeubles neufs.
    Demain, cap sur Peniche, une marina encore, puisqu' il est interdit de mouiller dans le port. Probablement au moteur, car les vents n'ont pas encore tourné au nord.


Samedi 21 juin

  Hier, j'ai été un peu trop vite en besogne. Aujourd'hui, il souffle un suroît de force 5 avec rafales à 6 (température de l'air 24°), ce qui veut dire que je ne peux pas aller à Peniche avec ce vent dans le nez et en plus, une barre s'est formée à l'entrée de la conche rendant le passage dangereux (déferlantes).
  Alors demain peut-être...
La dépression responsable
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Escales au Portugal
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    Comme le temps passe, il faut que je supprime des escales si je veux visiter Madère et être aux Açores fin juillet.
    Celle de Lisbonne est supprimée.
    Je connais un peu cette ville et le Tage que j'ai traversés, en1990.

    Mardi, il est prévu que les alizés Portugais se rétablissent enfin. J'en profiterais pour rallier Faro directement depuis Peniche, avec une petite nuit de repos au mouillage après le cap Sao Vicente.





Peniche

Lundi 23 juin, marina du port de Peniche.

  Hier, j'ai levé l'ancre vers midi, un peu avant l'heure de la marée haute, sans regret. Un vent de sud chaud, m'a fait progresser et m'a lâché peu avant le cap Carvoeiro, à l'extrémité de la péninsule de Peniche qu'il faut contourner. Une pluie d'orage s'en suivi. De quoi nettoyer les panneaux solaires qui avaient pris la crasse qui vole au débarquement des matériaux en vrac au port de Leixoes. La veste de quart, sans la salopette, j'étais jambes nues, ce qui ne me serait jamais arrivé en Normandie même au plus chaud de l'été.
  Il n'y a pas à dire, c'est un soulagement, un plaisir de ne pas se sentir engoncé dans de multiples couches de vêtements. 
Le cap Carvoeiro
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Petit hameau en corniche que j'irai visiter plus tard.
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Jaoul à couple à Peniche parmi deux bateaux allemands.
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    Arriver vers 16 heures 30, après une petite vingtaine de milles parcourus présente l'avantage d'être encore en forme pour visiter la ville.

Autrefois Peniche était une île, le bras de mer au premier plan en témoigne.
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Promenade dans les rues, des maisons, des gens...

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    ce qui frappe, c'est la passion des Portugais pour le carrelage, les fameux azulejos. Il y en a pour tous les goûts, des plaques de rues, des saints protecteur de la maison au dessus des portes...


  
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des motifs liés au métier...
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enseigne au dessus d'un restaurant...
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pour aller jusqu'à l'outrance et tomber parfois dans le mauvais goût.
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Puis, le quartier sur la corniche surplombant la mer vu depuis Jaoul en arrivant.






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Une fenêtre en ville.
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La citadelle près du port.
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Sur la place, les irréconciliables...
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l'église et le Parti Communiste.


Un curieux bateau dans la marina.

    C'est hier que j'ai pris toutes ces photos. Aujourd'hui, c'est lessive. Deux mois de linge sale à aller porter à la laverie en vélo. Et de retour au bateau, après avoir rangé le linge et mis des draps propres, j'ai rédigé mon courrier, recadré des photos et mis à jour le site. Il est minuit, je vais me coucher.


Mardi 24 juin, Peniche.

    J'ai sympathisé avec Jacques et Véronique du bateau Walsrode et aujourd'hui, nous allons visiter un village ancien entre des remparts du XIII ième siècle, Obidos (prononcez Oubidouch) à 30 kilomètres de Peniche. Nous y allons en bus. Le chauffeur est un malade, il conduit son 45 places comme une voiture de rallye et fait fi des limitations de vitesse. On s'attend à verser dans un virage un peu prononcé.

Voici un apercu de l'album photos sur le village d'Obidos. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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Mercredi 24 juin.

  J'ai fait le tour de la presqu'île en vélo et ce soir, je suis invité à bord de Walsrode. J'amène un Camembert entamé et un vin du Douro, ce que j'ai quoi !
  Le bateau en alu, cockpit central, est une construction amateur bien échantillonné et aménagé avec goût. La soirée joyeuse se poursuivra assez tard.

Le bateau Walsrode, et Jaoul juste derrière.
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De Peniche à Faro

Jeudi 26 juin, Peniche.

    Il est 15h30 (heure du bord GMT+2) quand Jaoul appareille pour Faro en Algarve, au sud du Portugal. Walsrode part aussi pour Sines ou Lagos et ensuite pour l'Espagne, Tanger et l'Afrique du Nord. Nous naviguerons de conserve jusqu'à ce que la trace de Walsrode se perde à l'écran du positionneur AIS et que nous ne puissions plus échanger par la radio VHF pour cause d'éloignement. Jaoul va un poil plus vite que Walsrode.
    Il est 23h quand je passe devant le Cabo Raso, derrière lequel s'ouvre le vaste estuaire du Tage.

Voici ce qu'on voit de ce cap à cette heure de début de nuit.
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  Vent arrière, voiles en ciseau, Jaoul roule bord sur bord chahuté par la houle de nord-ouest du grand Océan Atlantique. C'est pénible à la longue mais Jaoul file parfois 7 noeuds. Et ce jusqu'au lendemain soir au passage du Cap St Vincent (Cabo Sao Vicente). 
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  Puis, survente au passage du cap, Jaoul monte au lof et devient difficile à barrer.
  La pointe de Sagres ensuite.
  Je prend deux ris d'un coup pour remonter sur Baleeira, un port derrière la pointe de Sagres. J'ai décidé d'y faire escale pour dormir un peu avant de reprendre la route vers Faro.
  Le mouillage ne présente aucun intérêt autre que de pouvoir s'y reposer et de faire un petit coucou à la famille de sud-africains sur leur bateau Sea Jade rencontrés à Peniche. Baleeira est un port de pêche bordé d'une plage vacancière et d'immeubles en location saisonnière.
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  Peniche-Baleeira, 151 milles parcourus en 30 heures, sans dormir, somnoler juste un peu, ce qui fait une moyenne de 5 noeuds environ. Il reste 55 milles à parcourir pour mouiller dans la lagune de Faro.


Samedi 28 juin, Baleeira.

    Je pars ce soir de manière à entrer demain dans la lagune de Faro de jour.

   
Dernières lueurs du jour et la pointe de Sagres au loin qui s'ammenuise.
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Dimanche 29 juin. 

  Ce matin, dans la nuit noire, alors que j'avais deux ris dans la grand-voile et le yankee à moitié enroulé de manière à  ralentir ma vitese pour arriver de jour devant l'entrée de la lagune de Faro, je me suis enquillé à 2 ou 3 noeuds dans un réseau maillé de boules flottantes d'un diamètre de 40 cms reliées ensemble par un câble tous les 70 cms, un vivier à thon je pense.
  C'était signalé par 4 bouées à éclats jaunes très éloignées les unes des autres, ce ne l'était pas sur les cartes marines récentes que je possède. J'ai vu la chose trop tard. J'ai été pris par la dérive arrière que j'ai remonté aussitôt. Les boules ont fait un raffut du diable en roulant sous la coque et ça à duré un bon quart d'heure le temps de me sortir de ce piège.
  Ma vitesse à la voile a été suffisante pour que Jaoul ne fût pas bloqué. Je bénis le ciel de m'avoir fait acheter un dériveur avec une hélice en lumière dans l'étambot.  J'imagine les dégats que ça aurait pu faire sur un arbre d'hélice sans protection. Il eût été arraché.
  Je n'ai pas déchiffré à temps le système des bouées jaunes. S'ils avaient mis des bouées cardinales, j'aurais su quoi faire pour contourner le piège.

  J'ai mouillé derrière la jetée en face de la plage tournée vers la pleine mer de l'île de Culatra et j'attends la mi-marée montante pour entrer dans la lagune. C'est dimanche, il y a du monde étalé sur les serviettes et des enfants crient.

  A 14 heures, j'entre.
  Du courant bien sûr, des tourbillons. Des canots au mouillage qui pêchent.
  Passée la cité de vacances flambant neuf, des cahutes de pêcheurs en bidons dépliés, des barques sur la plage. Plus loin, des voiliers nomades échoués attendent le grand départ.
  L'endroit, bien que colonisé en partie par l'industrie vacancière, reste sauvage et simple.

  A 16 heures Jaoul est mouillé dans trois mètres d'eau, parmi trente bateaux européens du nord.

  Pas de houle, un vent qui tempère les ardeurs du soleil, un paysage de rêve polynésien et pas d'argent à donner à un quelconque aménageur qui après avoir confisqué un abri dans le littoral, réclame son du.
  Je me réjouis d'être ici.
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Ilha da Culatra (Lagune de Faro et Olhao)

Mardi 1 juillet, Culatra. 

  Hier, je suis allé explorer les anses de l'île pour voir où échouer Jaoul pour un brossage de coque. En effet, des algues commencent à y proliférer malgré la peinture spéciale anti-salissures étalée il y a à peine trois mois.
  Un marnage décroissant qui atteint aujourd'hui 1m70 ne m'incite pas à entreprendre l'opération. En cas d'erreur d'appréciation, la marge est réduite et le risque grand de planter Jaoul et d'être obligé d'attendre que les coefficients de marée remontent pour le déséchouer.

    Aujourd'hui, visite du village de Culatra. C'est un village de pêcheurs de lagune et de ramasseurs de coquillages qui, avec le temps, sont devenus conchyliculteurs.
    
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    Parfois, d'anciens pêcheurs se recyclent dans le tourisme comme restaurateurs ou bien comme passeurs d'eau, tel celui ci-dessous.
Plein à l'aller
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Vide au retour
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    Les maisons du villages appartiennent aux  pêcheurs. Certaines sont louées pour les vacances. Un petit ferry débarque chaque jour son lot de vacanciers qui s'empressent de traverser l'île pour aller s'étaler sur la plage face à l'océan.



Un citronier devant la maison
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Le jardin kitch de Joao Fernando
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La rue principale
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Au bout du village
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Une route
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Un jardinet
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Encore un jardin
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Les immortelles sur la dune aux senteurs épicées du curry
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Une fleur de chardon
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    Derrière le village, à l'est, un lagon se vide à chaque marée. A son entrée, de vieilles barques teminent leur vie, des vieux filets aussi ainsi que de vieilles choses abandonnées. Voici une vue de la lagune depuis le bord de la passe du lagon. On y voit Jaoul au mouillage au milieu devant un catamaran vert et, au fond, la ville d'Olhao et ses HLM de vacances.

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  Dans la passe, l'artiste tire sa barque au retour des courses à Faro ou Olhao, c'est plus près, tandis qu'une femme fouille et ramasse des clams.
  Si je dis l'artiste c'est parce que j'ai vu sa cabane, un chef d'oeuvre digne du Facteur Cheval. Elle est photographiée plus loin.
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    A l'intérieur du lagon, des voiliers échoués attendent le grand départ. La plupart sont des catamarans en construction amateur de type Wharram, l'architecte anglo-saxon bien connu.
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    Si le lagon est un endroit tranquille pour hiverner ou se préparer au voyage, certains y estivent aussi... et ce depuis une quinzaine d'années.
    Ils ont fini par construire des cabanes et planter des jardins.
    Voici la cabane d'un couple. Lui, Peter, est un allemand de Lübeck, sa femme Betty est anglaise. Lui possède un trimaran posé devant la cabane, elle, un vieux rafiot en bois qu'elle bricole: un houseboat dit-elle, pour me signifier qu'il n'est plus bon pour la navigation. Nous trois un bateau qu'un français a laissé ici, une épave, quoi !
 

Dans sa cabane, Peter travaille bien qu'il soit pensionné. Il répare des moteurs et bricole pour d'autres. Il n'est pas bien toléré par les autorités portugaises depuis que l'Europe a décidé de mettre certaines zones en réserves naturelles dont Culatra. Il paye une amende annuelle de 2000€.

    Le personnage à gauche avec son chapeau, c'est l'artiste. Il me dira qu'il cultive des champignons dans un bunker près du phare. A droite, c'est Peter. Ici tout le monde s'exprime en anglais, l'allemand est très peu utilisé.
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    Voici la demeure de Betty. Nous avons beaucoup parlé ensemble. Son anglais est clair et compréhensible pour moi.
    Avec Peter, ils prenaient le trimaran et allaient hiverner à Madère. Depuis que les tempêtes d'hiver ont endommagé les digues, ils ne peuvent plus mouiller en rade sans subir une épouvantable houle. Alors, ils n'y vont plus. Ils ont décidé d'hiverner à Culatra. C'est pour cette raison que Betty aménage Nous trois.
                                                                                                                                                                              
 


   
Voici enfin la cabane de l'artiste et son drôle de bateau, son quai en planche, sa terrasse plantée, sa girouette et sa tige d'agave décorée.
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    Puis deux bateaux plus loin, voici Nigel. Je l'aperçois tapi sous la capot de descente de la coque tribord. Il me scrute et ne dit rien. 
Cliquez pour agrandir l'image  Quand je l'appelle pour lui dire bonjour, il sort enfin mais ses deux chiens l'ont devancé. Ils sont autour de moi à me renifler.
  "On n'approche pas avec eux, dit-il en riant." J'ai du mal à le comprendre car il mâche ses mots. En plus, il est à moitié sourd et je dois crier presque.

    Nigel me dit qu'il a été ingénieur dans la marine à Glasgow et quand je lui demande s'il est retraité, il ne sait quoi dire. Retraité depuis l'âge de 40 ans, en laissant entendre qu'il n'a pas eu de travail assuré depuis.
    Il me montre son bateau comme exemple de son savoir faire. Quinze ans qu'il travaille dessus. Qu'est-ce qu'il reste à faire? Il lève les bras au ciel puis me montre les safrans de gouvernail qui manquent. Et il ajoute d'un air résigné: "Paint, paint, paint !" Comme si son bateau, déjà couvert de peinture, consommait celle-ci avec l'avidité d'un alcoolique et en redemandait sans cesse.

    Il pense partir dans 5 ans. Son rêve à lui, c'est la mer Noire, la côte Turque. Là où une personne peu argentée comme lui peut avoir  une place au soleil.

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    Quand je lui parle de ravitaillement, de l'eau potable, il dit que c'est sa fille qui lui apporte l'eau quand elle vient à bord de son trimaran qui est à côté, Swingalong; elle habite Faro. Sinon, il y a le canot à moteur.


    J'ai trouvé attachante cette communauté de gens du voyage en bateau. Quand j'en ai parlé à Peter, il n'a pas été d'accord. Il n'y a pas de communauté. Ici, c'est chacun pour soi, les places à terre sont comptées et donc très convoitées.

    Ces gens ont mon âge, il n'y a pas de jeune. Le rêve d'une liberté vagabonde sur l'eau est passée de mode. De plus, les espaces de liberté se sont réduits. Il n'y a plus que des retraités à avoir les moyens de rêver encore à la paillotte sur la plage, au sable chaud et au ciel d'azur. Pas besoin d'aller jusqu'en Polynésie, ici à Culatra certains ont trouvé à vivre leur rêve. Et bien qu'ils parlent de retaper leur bateau pour parcourir les océans à la recherche d'endroits plus beaux encore, il est à peu près sûr qu'aucun d'entre eux ne ressortira d'ici.


°°°°°°°°°°



    Tous les après-midis, depuis deux jours un vent d'ouest souffle fort et se calme dans la nuit. Force 5 hier et force 6 aujourd'hui avec rafales à 7. Dans le vent, l'air est à 22°5. Pour ici, ce n'est pas chaud, ils sont habitués à de plus hautes températures, mais pour moi, le "Nord Man", c'est idéal. Grand ciel bleu azur, c'est du très beau temps.

    Avec ce vent et ce marnage décroissant, j'ai renoncé à échouer Jaoul. Demain, je vais passer le balai-brosse sur la partie de carène dans l'eau qui m'est accessible depuis l'annexe, soit la longueur du manche.

    Vendredi, je pars pour huit jours de mer, si le vent est favorable, afin d'atteindre l'île des Açores la plus proche, Santa Maria. J'ai renoncé à aller à Madère par faute de temps. Je n'ai pas envie de courir, je préfère naviguer moins afin de prendre mon temps à l'escale.



 


°°°°°    Les Açores    °°°°°


    Les Açores ont été découvertes par les navigateurs Portugais en 1427 pour les premières îles et jusqu'en 1452 pour les dernières. Ils ont donné le nom ilhas dos açores parce qu'ils ont vu planer des autours des palombes au dessus des falaises.
    Ce rapace se nomme açor en portugais et au pluriel, ça donne açores (prononcez eussorche).


   
Pour avoir une idée des distances entre les îles cliquez sur l'image pour la télécharger
:


La traversée Faro-Santa Maria

   
    J'ai calculé, ça fait 834 milles exactement. Soit une semaine de voyage. Il n'y a qu'à suivre vers l'ouest le 37eme parallèle nord et s'y cramponner pour, fatalement, tomber sur Santa Maria, au nord de l'île.

Vendredi 4 juillet, Culatra.
    Aujourd'hui, je pars vers midi pour profiter du courant portant dans le goulet de sortie de la lagune. Un peu à regret, pour deux raisons:
    1- Le ciel est redevenu d'un bleu azuréen profond dont l'ardeur est tempérée par un vent de nord-ouest. Je suis torse nu et ma peau commence à prendre une belle couleur rose foncée avant de brunir si je restais plusieurs jours encore. Pas envie de me faire brinquebaler sur les flots alors que je suis si bien ici à me dorer la pilule.
    2- Hier, ne sachant pas ce qu'elle valent, j'ai acheté seulement trois oranges tachetées chez l'épicier de Culatra. J'en ai pelé une ce matin, petite peau fine. J'en ai écrasé les quartiers sous mes dents inondant mes papilles d'un jus sucré délicatement parfumé. Je n'avais jamais mangé une orange aussi délicieuse. J'ai eu envie de remettre l'annexe à l'eau, d'un coup de moteur gagner le port et me précipiter dans la boutique pour rafler deux kilos d'oranges. Au moins !

    Ben non, j'ai décidé de partir, je me tiens à cette décision. Les oranges, j'en trouverais peut-être d'aussi bonnes aux Açores. Je lève l'ancre, il est midi et demi.

Dernières photos de Culatra, en sortant de la lagune.

Cabanons bricolés pour des vacances au soleil.
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Le village de Farol (Le phare)
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L'autobus de la lagune, on se croirait au Brésil sur l'Amazone.
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    Puis, une fois parvenu en eau libre, le fameux piège dans le quel Jaoul a failli rester prisonnier se présente entre quatre bouées. De loin, un champ de boules blanches. Sur la bouée sud, une cardinale que je n'avais pas repérée à l'aller, une petite pancarte: Atumaria. Atum, c'est le thon en portugais. Donc, c'est bien dans un vivier à thons que je me suis enquillé en arrivant l'autre nuit.

    Il est 21h quand je vire de bord, obligé par la côte qui s'approche et les fonds qui remontent.
    23h, la nuit vient, le vent monte à 5 beauforts en retournant au nord.


Samedi 5 juillet.

    A 9 heures le rail des cargos est franchi. Il fait un virage autour du cap Sao Vicente, il est large de 36 milles à l'endroit où je suis passé. J'ai veillé toute la nuit. 
    La matinée est nuageuse et l'après-midi ensoleillé, mais je sens que ce n'est plus les bleus intenses de l'Algarve.
    Cap 280°, allure de près bon plein, vitesse de 6 noeuds. Puis le vent tombe. Cap 264°, vitesse 3,7 noeuds.

    La mer a des reflets violets.


Dimanche 6 juillet, 10h du matin.
   
    La nuit a été remarquablement douce.
    Le vent s'établissant à l'ouest oblige à virer de bord.
    Cap 333°, allure de près, vitesse 4,7 noeuds.

    L'eau a la couleur de l'encre Waterman avec laquelle j'écrivais au lycée, un bleu foncé. Elle se présentait dans un flacon en verre taillé comme une gemme. Mais la mer a aussi des reflets violets de la couleur de cette encre violette dont on usait à l'école primaire et qui faisait des tâches sur le cahier lorsque maladroitement on secouait le porte-plume.
    Ce sont les couleurs de la mer au dessus des grands fonds qui peuvent aller jusqu'au bleu marine quand le ciel est sombre.
    Au pied du bateau, dans le sillage, c'est le bleu azur d'une rare transparence qui domine.

    13h26, vu un océanite tempête.
    Peu d'oiseaux de mer cependant. Quelques puffins cendrés (oiseau plus clair et plus large d'envergure que le puffin des Anglais), planent avec aisance au ras des flots.

    Puis en fin d'après-midi, je pense à ma traversée, le temps qui passe trop lentement, à la difficulté que j'éprouve à bord pour faire les choses  simples de la vie quotidienne.
    Les traversées, ça m'ennuie profondément, j'en ai marre d'être chahuté. En fait mon truc à moi, c'est la petite croisière côtière quand le paysage change en permanence. Ici, rien de cela, la mer, la mer, la mer  et le bateau qui ne reste pas en place. Tout bouge.
    Ma motivation à naviguer en longue route en prend en coup.
    Non, ce n'est pas le mal de mer, je ne l'ai jamais eu. C'est autre chose comme de l'ennui, de la fatigue peut-être, de la lassitude sûrement.


Lundi 7 juillet.

    De midi hier à midi aujourd'hui, Jaoul  a parcouru 136 milles, ce qui donne une vitesse moyenne de 5,5 noeuds.

    13h30.
    Plus de pétrolier ni de cargo en vue sur l'écran de l'AIS depuis hier soir. C'est le grand vide. Mes voisins les plus proches habitent à 4kms d'ici, mais à la verticale. Ce sont les stomias boa, les lasiognathus amphirhamphus, les photostomias guernei,  et autres créatures improbables des abysses.
    La nuit a été moins cahoteuse, donc j'ai eu une meilleure stabilité à l'intérieur.
    Hors du plateau continental, je n'ai plus à faire attention aux bateaux non soumis à l'obligation de se signaler par l'AIS: on ne pêche plus avec de petits navires dans ces profondeurs, quant aux voiliers, il y en a peu sur cette route et ils iraient dans le même sens que moi, ce qui limite fortement le risque de collision. Donc, l'AIS veille pour moi et sonne dès qu'il y a un risque de collision avec un autre navire, ce qui me permet d'aller me coucher dès que la nuit est tombée.


Les jours suivants.

    La routine s'installe. La traversée se fait bâbord amure avec un ris dans la grand-voile. Le pilote de mieux en mieux réglé en fonction d'une houle de 1m à 1m50 demande moins d'intervention.
    Le vent souffle force 4 à 5 avec parfois des pointes à force 6 d'abord de nord-ouest, puis nord nord-est et descend progressivement pour s'établir à l'est en arrivant sur Santa Maria.
Une fin de journée sur la traversée (vers l'est).
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Une fin de journée sur la traversée (vers l'ouest).
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  La gite, la mer houleuse oblige à une recherche d'équilibre permanente. Quand on a les mains prises pour faire la cuisine, manger ou bricoler,c'est le corps qui s'appuie plus ou moins bien sur les emménagements en se cognant. J'ai mal partout, aux hanches, aux épaules, aux côtes aussi.

Dans le sillage outremer, un puffin cendré.
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    Dans cette mer houleuse, il est impossible d'utiliser un bol pour le petit déjeuner. J'ai donc un récipient "à ridelles" pour éviter le ressac dans le café au lait. Voici un exemple d'une prise de petit déjeuner calé dans l'évier à l'aide de la cuvette. Debout, je plonge mes tartines et les croque au dessus du récipient. 
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    Sur ce bord, tribord amure, les toilettes pour être utilisées demandent des ressources physiques importantes et de la concentration.  Il s'agit de parvenir à se maintenir sur le trône malgré les embardées. Bâbord amures, le problème ne se pose pas car le dos est maintenu par une cloison.


Jeudi 10 juillet.

    1h36.
    Pris un deuxième ris dans la grand-voile.

    9h. Temps couvert.
    Depuis hier, l'heure du bord n'est plus l'heure francaise (UTC+2), mais l'heure des Açores (UTC+0).
    Parcouru 141 en 24h. Ce qui fait une moyenne de 6nds. 

    9h17. Allure de grand-largue. Reste 120 milles à parcourir.
    12h. Vent arrière, voile en ciseau, Jaoul roule mais régulièrement, c'est à dire sans embarder et file 4nds. Petite vitesse nécessaire à la toilette du capitaine.
    Barbe de huit jours à raser, linge de corps à laver; je reste nu durant le séchage.
    Il ne fait pas froid. 25 degrés le jour et 20 la nuit.

    20 heures. C'est demain l'arrivée. Jaoul a progressé plus vite que prévu, il a bénéficié d'un courant portant entre 1/2 et 1 noeud. Pour ne pas arriver de nuit à Santa Maria, je suis obligé de réduire la vitesse en roulant le Yankee.


Vendredi 11 juillet.

    3h du matin. Autre rêve de charivari sur l'eau qui me réveille. Le pilote est de nouveau bloqué hors course et pendant une heure, Jaoul a fait du 333° au lieu du nécessaire 268° qui pointe sur la côte sud de Santa Maria.
    6h du matin, l'île de Santa Maria en vue.

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    Passé la Ponta do Castello, la mer se calme et c'est bien agréable.

Vila do Porto vu de Jaoul en arrivant
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Trajet de Jaoul depuis Carentan
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  Il est 10 heures du matin quand Jaoul est accueilli dans la petite marina de Vila do Porto par une poignée de français qui connaissent déjà Jaoul. Il s'agit de Nathalie qui est venue partager mon repas un soir de l'année dernière à Carentan, de Serge et de Maryline sur leur Oxion Ylang Ani , les mariés de l'île de Sein que j'ai connus chez Danièle une amie commune  en Septembre 2010 à Sein, et de Philippe, le skipper de Aitapeapea, un Patago 34, qui connaissait mes interventions sur le site Web Hisse et Oh.

Voici Serge et Maryline, les mariés de l'île de Sein, en fin de leçon de godille donnée par Nils.
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  Le soir, je suis invité au restaurant par mes voisins de ponton, Barbara et Robert, des Anglais qui préparent un tour du monde départ en 2015.
  Et de parler anglais dans un restaurant bruyant après avoir navigué puis être allé en ville en haut d'une côte raide pour rapporter, chargé comme un baudet, de l'avitaillement, vers dix heures du soir les mots ne me venaient plus.

La marina de Vila do Porto
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L'île de Santa Maria


    C'est la plus au sud et la plus à l'est des îles des Açores et l'une des plus petite (17km/8km). Quand on arrive par la mer, la côte parait brûlée et désertique. Les coteaux sont plantés d'agaves et de cactus.
    La partie plate de l'île, une bonne moitié ouest, celle où il y a l'aéroport, est constituée de pâturages qui sont secs en cette saison mais où paissent encore des vaches. Les vallons creusés dans le plateau sont plus verts. La partie est est plus élevée et plus accidentée. Des petits vallons étroits se succèdent rapidement rendant les chemins et les routes fortement pentus et sinueux.  Quelques routes sont bordées d'hortensias, de platanes très feuillus et parfois d'eucalyptus. L'habitat y est dispersé, constitué de petits lopins de terre semés de mais, de bananiers, de vigne ou de légumes, avec une maison dessus.


    Le séjour à Sta Maria a d'abord été convivial avec la rencontre de Barbara et de Robert au restaurant puis des équipages français autour d'un barbecue.

    Mardi, j'ai loué un scooter pour partir à la découverte de l'île. J'ai pris quelques bonnes averses mais comme le climat est agréable, rester mouillé est supportable.
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Voici un apercu de l'album photos sur Santa Maria. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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    La gentillesse des Açoriens est connue.
    Je peux témoigner que ce n'est pas surfait.
    Lors de ma virée à scooter, il se met à pleuvoir à seaux. Je me réfugie sous un abri de bus. Quand ça cesse, la selle du scooter est trempée. Je l'essuie avec la main quand une voiture se gare près de moi. Une femme en sort et me tend une serviette éponge. J'essuie la selle et lui redonne avec un grand Muito obrigado. Elle la reprend avec un large sourire, remonte dans sa voiture et repart.


Mercredi 16 juillet.

    Il est prévu de faire une randonnée au sommet du Pico Alto (590m) avec Serge et Maryline. Je prévois de quitter l'île vendredi et je consulte par Internet la carte des vents (fichiers Grib: GRIdded Binary) pour les Açores. Le vent favorable pour aller à Sao Miguel bascule au nord-ouest progressivement à partir de jeudi.
    Une seule solution s'offre à moi: partir ce soir vers 21h pour arriver demain à Sao Miguel de jour. Je décide de partir ce soir et de travailler à la mise à jour du site au lieu de randonner.

    Le site sera complètement à jour de ma visite à Santa Maria que vendredi à Ponta Delgada (île de Sao Miguel).



L'île de Sao Miguel

Mercredi 16 juillet, Vila do Porto.
 
  Après avoir bien mangé au restaurant du Clube Naval de Vila do Porto avec Serge et Maryline qui partent vendredi pour Porto Santo (archipel de Madère), je quitte le ponton à 21h30, la nuit tombe.
  Nous nous souhaitons mutuellement pleins de bonne choses. 
  Je déborde l'île au moteur puis hisse les voiles. Ensuite, je remonte les pare-battages, il en manque deux. Je suis fâché d'avoir perdu, une nouvelle fois, deux pare-battages. Ils ne devaient pas être assez bien ficelés.

    Le vent est au rendez-vous et me pousse vers Ponta Delgada à 5 noeuds de moyenne.


Jeudi 17 juillet, Ponta Delgada.

    Traversée agréable, sans dormir vraiment.

    Je suis à présent amarré à la nouvelle marina à côté de Aïtapeapea, lePatago 34 de Philippe et de Cathy. Ils sont partis avec un autre couple de français, Lionel et Françoise, autour de l'île en voiture.
    Ponta Delgada (Pointe Mince, en français), capitale de l'île et des Açores, est une ville moderne et très animée. Le port reçoit des gros cargos et des bateaux passagers de croisière.
    La marina est incluse dans un complexe commercial en béton, dédié au tourisme et particulièrement aux promenades et plongées en mer dans l'espoir de voir des baleines. Rien de palpitant pour moi.

    Maintenant il s'agit de trouver le moyen de visiter l'île à moindre frais, ce qui n'est pas évident vu sa grande dimension (65 km de long sur 8 à 15 km de large). C'est aussi la plus peuplée (137 699 habitants).



Jeudi 24 juillet, Ponta Delgada.

    Le temps de m'orienter dans la ville, de refaire l'avitaillement du navire, de choisir ce qu'il faut visiter, d'attendre que le temps soit dégagé pour aller voir les caldeiras et puis causer avec les amis français, écouter Marcel qui rentre d'un tour du monde, et la semaine est passée en un clin d'oeil.

    La marina fait partie d'un ensemble immobilier de front de mer avec centre commercial intégré et climatisé qui dépare complètement la ville qui est belle avec son architecture baroque. D'ailleurs, la partie est de cet ensemble n'a pas pu être terminé et ressemble à une friche industrielle. Des appartements semblent rester vides. On retrouve cet effet de crise immobilière suite à un délire bâtisseur pour tirer profit du climat et du soleil dans toute la péninsule ibérique et ses îles.
    La marina est occupée à moins de 50% bien qu'on soit en pleine saison.
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    L'inconvénient de cette marina, c'est justement les aménagements vacanciers du front de mer tels qu'un bar-restaurant qui reste ouvert toute le nuit et qui reçoit  un orchestre tous les samedis  et parfois en semaine.
    L'autre nuisance sonore vient des avions qui survolent le port pour atterrir ou décoller. Heureusement, il n'y en a pas la nuit.
    Sinon, le supermarché est à deux pas et la vieille ville est de plain pied.


Voici un apercu de l'album photos sur Ponta Delgada. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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    Ce qu'il faut voir sur cette île et qui fait partie des circuits touristiques ficelés par les tour-opérateurs, ce sont les lacs de caldeiras.


Lundi 21 juillet.   

    A l'ouest de l'île, un immense lac au pied du village de Sete Cidades (sète sidatche) est divisé en deux: lagoa azul et lagoa verde. Le voyage en bus à partir de Ponta Delgada prend 3h aller-retour.

Debout à 6 heures, le bus est à 8h15.
    Le bus serpente par  les rues trop étroites des villages situés sur les fajas (ce terme désigne les terrasses qui vont de la pente du volcan à la mer ou à la falaise qui la surplombe). Les champs , maïs, bananes, primeurs, prairies, sont bordés par des bambous. Plus haut, quand ne subsiste plus que la prairie, ils sont bordés d'hortensias ainsi que chemins et routes.
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Les vaches des Açores sont toutes ou presque des Holstein.
    Les Açores produisent lait et dérivés pour tout le Portugal. C'est la première industrie du pays et la plante la plus cultivée ici, c'est le maïs. La vache, mascotte de l'île est une Holstein, sans corne évidemment, la vache laitière du standard productiviste européen. 

    Du village de Sete Cidades, la pente est raide pour accéder à pied au le bord de la caldeira et suivre les marques. Ici on voit un cratère devant les lacs.
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La crête de la caldeira est étroite et son flanc interne escarpé.  Sous les nuages, la mer.
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    Et voici, l'image qu'on retrouve sur toutes les brochures touristiques. Il fallait la faire.
    L'image est prise au bélvédère Vista do Rei, qui possède un parking. Ce belvédère est à la fin du chemin que des voitures pressées empruntent en soulevant des nuages de poussière que les marcheurs avalent.
    Les plantes et les arbres qui animent le paysage et font la renommée des Açores, ne sont pas originaires du coin. On peut voir au second plan des cryptomérias japonica, une sorte de cyprès qui forme les forêt açoriennes. Ce sont des arbres endémiques au Japon, en Chine et en Corée.
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    Voici un flop du lobby vacancier bouffeur de paysages. Un hôtel face au panorama des lacs qui n'accueillera jamais personne.
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    Et pour finir, je suis redescendu au village de Sete Cidades en stop, pris par un Portugais en Land-Rover.

    Après avoir fait un bout de chemin en parlant allemand et anglais avec des Allemands, je retrouve un couple d'Anglais rencontré ce matin à l'arrêt de bus. Nous bavardons tellement que je fatigue au point de finir par ne sortir qu'un infâme charabia.

La aussi, des arbres exotiques entourent l'église de Sete Cidades.
Ce sont des Araucarias originaires de Nouvelle Calédonie.
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Mardi 22 juillet, Ponta Delgada.
   
   
Pour me délasser de ma randonnée d'hier, je fais... euh, j'arpente les trottoirs de la ville.
Chaque rue a un motif différent.
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Mercredi 23 juillet.

    A l'est, un lac de caldeira Lagoa das Fournas en haut du village de Furnas qui ne signifie pas "fournaise" mais "grottes". L'intérêt dans cette caldeira, ce n'est pas le lac bien moins beau que celui de Sete Cidades, mais les solfatares en bordure qui dégagent des fumerolles de vapeur mêlée de soufre. Dans ces solfatares, des trous ont été aménagés pour cuire des potées cozidosdurant cinq heures à la chaleur du volcan.
    Le voyage en bus à partir de Ponta Delgada prend 3h aller-retour. A L'aller, le bus longe la côte sud de l'île, au retour c'est la côte nord. Ca permet d'avoir une vue d'ensemble de l'île.

    Le bus me laissant dans le village de Furnas en contrebas, je commence par visiter le jardin botanique dans lequel se trouve une piscine alimentée par l'eau chaude du volcan.
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    La route est raide pour aller de Furnas au lac. Je fais du stop. Au bout de 10 minutes, une voiture s'arrête: des touristes allemands de Berlin. J'embarque et nous parlons moitié allemand, moitié anglais le temps de parvenir en haut dans un vaste parking.

Un solfatare
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Jaillissement d'eau bouillante à odeur de soufre
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Les cozidos sont enfouis et recouverts de terre. Ils sont marqués d'une étiquette en bois pour les reconnaître car ils ont été commandés auparavant par des touristes clients.
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Les solfatares sont aménagés pour qu'on puisse les voir de près sans danger de brûlure.
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Le lac de Furnas, une couleur verte laiteuse parfois liserée d'orangé rouille.
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Une forêt dense de cryptomérias borde le lac jusqu'à la crète de la caldeira.
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Sous le couvert des cryptomérias, des fougères arborescentes.
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Un pinson cherche sa pitance parmi les miettes tombées des tables à pique-nique.
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Un ibis noir s'envole à ma venue. Ce n'est pas, je crois, un oiseau endémique.
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Tandis que les tables à pique-nique se couvrent de cozidos, sur la mienne j'étale que j'ai amené dans mon sac, des produits locaux évidemment.
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Puis, je redescends à pied à Furnas. Sur le chemin dans un abri de bus, des azulejos.
L'année de fabrication ne correspond pas à l'époque évoquée. Il y a belle lurette que les paysans açoriens sont mécanisés.
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En descendant vers Furnas, je longe le déversoir du lac qui traverse le village.
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Puis, en attendant de prendre le bus du retour à Ponta Delgada, je vais visiter l'église de Furnas.
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Le vitrail dans le choeur
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Le baptistère
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Durant mon retour en bus, j'ai osé quelques photos. Une seule a échappé aux reflets multiples dans les vitres.
Une vue partielle de la côte nord.
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Samedi 26 juillet, Sao Miguel.

    Nouvelle virée à scooter. C'est la dernière à Sao Miguel.

    Je pars avec le Lago do Fogo comme destination en espérant que ce lac de cratère saura se faire voir entre deux nuages. Il se situe à environ 600m d'altitude et le bélvédère qui le surplombe est à 900m.
    Un ciel nuageux et bas en permanence est l'inconvénient majeur des Açores. Quand on veut aller en altitude, on se retrouve rapidement dans le brouillard.

    Je longe le littoral jusqu'à Vila Franca do Campo.
    Après Lagoa et Aqua de Pau, me voici à Caloura, une corniche bordée de propriétés closes par des murs de pierres noires. C'étaient des fermes autrefois.
    Cependant, dans des ravines débouchant sur la mer, des maisons et des petites cultures demeurent.
A Caloura dans une ravine
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Une maison au bord de la ravine
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La plage en contrebas
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Une autre plage.
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Plus loin sur la route, dans une étroite conche bordée de falaises de basalte, un petit port et une piscine de mer:

Ici la religion imprègne toute la vie.
Deus vem comigo signifie "Que Dieu viennne à moi".
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Le samedi et le dimanche, c'est la détente.
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Vila Franca do Campo depuis la jetée du port
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La plage
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L'île cratère de Vila franca
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Un bar, en remontant du port
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Un marchand de légumes
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    Puis, je quitte le littoral pour grimper dans la montagne. Passé l'étage des champs bordés de bambous, c'est celui des vaches sans corne parmi les hortensias. Puis vient la forêt de cryptomérias, parfois dans la brume et trouées de pâtures avec des vaches.
 

    En redescendant vers Ribeira Grande, je visite Caldeira Vehla. Ce sont des fumerolles et des piscines d'eau naturellement chaude parmi les fougères arborescentes.
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Au fond de la flaque, sourdent
des bulles de gaz carbonique et d'hydrogène sulfuré.
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Pour éviter les cloques,
laissez refroidir la boue avant d'en faire un masque facial.
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Sur le flanc du volcan, les sources chaudes sont captées pour faire de l'électricité
et pour chauffer les serres de production d'ananas de Ribeira Grande (la ville en contrebas).
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    Puis je renfourche mon scooter pour grimper en haut de la caldeira où un magnifique panorama sur le Lago do Fogo m'attend.
    J'ai attendu longtemps dans un vent puissant et un brouillard épais que les nuages veuillent bien s'entrouvrir pour laisser jouer le soleil sur le paysage.
    Bien que le Lago do Fogo soit très souvent dans le brouillard, son nom n'a rien à voir avec le fog anglais et signifie "lac de feu" parce qu'au 16ieme siècle, une éruption volcanique a eu lieu sur sa rive.

Je n'ai pu voir qu'un morceau du lac, une fraction de seconde avant que la poisse ne retombe.
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    J'ai rendu le scooter avant l'échéance fourbu d'avoir parcouru presque 70 kms en partie sur des pavés de lave dont est revêtue la chaussée qui traverse la montagne.



Dimanche 27 juillet, Ponta Delgada.

    Le séjour à Ponta Delgada prendra fin mardi 29 juillet. Je voulais partir demain lundi mais, ce jour-là je suis invité à dîner sur "Aitapeapea" par Philippe et Cathy en compagnie de Françoise et de Lionel du bateau "Chimère".

    Une escale de presque quinze jours dans un décor bétonné façon "Costa del Sol", avec de la techno à "donf" comme hier soir n'est pas vraiment ce que j'apprécie. J'en viens parfois à regretter Vila do Porto à Sta Maria.

    La prochaine escale sera Angra do Heroismo sur Terceira, puis Praïa da Vitoria pour y accueillir Charles et Julie.

    Ce soir, il y a une dégustation de produits locaux à Ponta Delgada et nous, les trois équipages plus John, un Irlandais de Galway avec lequel nous avons sympathisé, allons y prendre notre repas du soir.
    De gauche à droite: Philippe du bateau Aïtapéapéa, Françoise et Lionel du bateau Chimère, John de Galway, Régis du bateau Jaoul, et Cathy du bateau Aïtapeapea.
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    Puis, devant le Conseil Régional, un groupe folklorique Açorien.
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Lundi 28 juillet.

    Il est de coutume aux Açores de laisser sur les jetées du port un témoignage du passage des voiliers nomades sous forme d'un dessin. A l'instar des deux bateaux "copains", je tente, moi-aussi, de laisser une trace.
Voici Chimère dans un gros thon parmi les hortensias...
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...et la tortue, mascotte du bateau Aïtapéapéa.
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Concentré qu'il est le Régis...
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... tellement concentré qu'il s'en mordrait presque la langue.
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Et voilà le travail !
(si je m'adonne à la photo, c'est parce que je ne sais pas dessiner.)
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    Le soir, la fête battait son plein sur Aïtapeapea, les trois équipages (nous étions cinq en tout) étaient réunis pour une soirée gaudriole. On s'est lâché à sortir des âneries, on s'est bien marré. Surtout quand les femmes ont évoqué ce qu'elles avaient trouvé chez le chinois. (le Chinois, aux Açores, est un magasin tenu par des Chinois où l'on trouve de tout et à bon marché. Sur chaque île, il y en a plusieurs.)
    Le lendemain, jour de mon départ, elles m'ont offert un cadeau.


Mardi 29 juillet, Ponta Delgada

    C'est ce qu'elles avaient découvert chez le Chinois qu'elles m'ont offert, les coquines, histoire de continuer la rigolade de la veille.
Régis découvrant son cadeau.
Une panoplie d'éléphant.
Et les copines de se marrer
comme des baleines.
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J'essaie une manière de la mettre...
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puis une autre.
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    Plus tard, confiné dans ma cabine au milieu de nulle part, j'essaierai encore pour être finalement déçu par cette panoplie d'éléphant : je n'arrive pas à saisir les objets avec la trompe.

    Puis c'est l'heure du départ. Cathy part faire des photos de Jaoul du haut du terminal des ferries. Qu'elle en soit ici remerciée.
Amarres larguées,
je me précipite à la barre.
Les copains assurent
le bon pivotement du bateau.
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Un dernier regard à Cathy
qui prend la photo.
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Passées les jetées, voiles hautes,
Jaoul est sur sa route vers Terceira.
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L'ïle de Terceira

Mercredi 30 juillet, Angra do Heroïsmo.
   
    Je suis arrivé au petit jour devant Angra sous une pluie battante, une visibilité restreinte et aggravée par la pluie sur mes lunettes.
J'ai fait la traversée sous yankee seul au vent arrière. Mer pourrie, Jaoul roulait trop à mon goût.
    Ensuite, au milieu du trajet, dans une nuit d'encre, ça s'est mis à éclairer de partout. J'ai chronométré soigneusement le temps passé entre l'éclair et le roulement du tonnerre pour voir si ça se rapprochait ou pas. J'avais peur pour mes instruments.
    L'orage s'est tenu à distance pour la foudre mais pas pour la pluie.
    J'étais bien au sec à l'intérieur du bateau, mais il a bien fallu que je sorte pour rouler du yankee pour ralentir afin d'arriver de jour devant Angra.
    Ensuite, en arrivant sur Terceira, j'ai mis en panne le temps de sortir et d'assujettir tout le fourbi nécessaire à l'appontement en marina. 
    Mon ciré n'avait pas servi depuis le golfe de Gascogne. J'ai vérifié qu'il prend l'eau.
    Par un mètre de creux,  mer de travers, c'est à genoux que je suis allé installer amarres et pare-battages.
    L'arrivée dans la marina d'Angra s'est faite en vrac comme à l'accoutumée avec ce bateau par un vent de 5 à 6 beaufort.
    Les employés de la marina qui étaient prèts à amarrer Jaoul ont bien voulu attendre qu'il veuille bien adopter une allure au moteur différente du travers au vent qu'il affectionne particulièrement.
    Enfin, après plusieurs essais, Jaoul a consenti à s'immiscer entre deux navires inconnus. Il était huit heures et demie.
    Après les déclarations d'entrée, j'ai filé au lit.

    L'île fut la troisième à être découverte, d'où son nom Terceira. Elle mesure 30 km de long sur 18 km de large, c'est aussi la troisième par sa taille. Elle a été colonisée d'abord par des  immigrés des Pays-Bas dont on peut voir encore des descendants aux cheveux clairs. Son point culminant est  à la caldeira de Sta Barbara, un volcan de 1050 m de haut.


    Après un roupillon réparateur, je vais visiter mon environnement proche, le port.
    A l'entrée, des pêcheurs à la ligne lèvent des poissons sans arrêt. A peine une ligne est-elle à l'eau qu'ils sortent un beau poisson plat qui se débat et grogne comme un cochon. C'est le peixe-porco. Inconnu sur nos côtes jusqu'à récemment, j'ai cherché son nom. C'est le baliste cabri ou arbalétrier (balistes carolinensis). D'origine tropicale, ce poisson remonte en latitude. Doté de dents acérées et d'une petite mâchoire puissante, il se nourrit de coquillages et de crustacés.

    Un pêcheur me montre une astuce pour replier l'épine dorsale principale. On replie d'abord la seconde plus petite, sinon, ça ne marche pas.
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Le baliste cabri
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Sur la jetée du port d'Angra
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Un seau plein de balistes




Jeudi 31 juillet, Angra do Heroismo.

    Aujourd'hui, après une nuit de vrai repos, je pars à la découverte d'Angra do Heroismo (Anse de l'Héroïsme, en français), la plus belle ville des Açores.
  Mais d'abord, une vue de Jaoul dans la marina. C'est le troisième à partir de la gauche. Malgré les digues, l'endroit est rouleur, ce qui fait grincer les amarres.
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    Dans l'album suivant, on verra d'abord des vues générales de la ville.
  • Des rues et des façades ensuite.
  • Des églises, il y en a une tous les 200 m. Je n'ai pas retenu leur nom, elle sont trop nombreuses, sauf la cathédrale igréja do Santissimo salvador da Sé, et l'église bleue au sortir de la marina igreja da Misericordia dont j'ai suivi la visite en anglais.   
  • De petits sanctuaires appelés imperios. Ce sont de petites maisons très décorées et surmontées d'une couronne ouvragée, qui sont des lieux de culte pour les fraternités catholiques vouées au St Esprit selon la tradition de Joachim de Flore.
  • La faune et la flore pour finir.


Voici un apercu de l'album photos sur Angra do Heroismo. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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Samedi 2 août, Terceira.

    J'ai fait le tour de l'île en autocar. La correspondance à Praia da Vitoria et à Biscuitos m'a permis de visiter ces deux bourgades.
    Praia est plus petite que Angra, mais, grâce à sa rade, elle a un port par lequel toutes les marchandises de l'île transitent et l'aéroport est proche.

Entre Angra et Praia, sur la côte sud, Ilhas Cabras, les îles aux chèvres, un cratère de volcan égueulé.
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La plage de Praia, qui donne son nom à la ville.
La seule vraie plage de sable des Açores.
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La rade de Praia da Vitoria
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Igreja Matriz de Praia
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Depuis la page de Praia
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Encore une église bleue !
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Voici deux imperios de Praia da Vitoria. Ce sont des lieux de culte voués au Saint-Esprit par une fraternité catholique s'inspirant de la doctrine de Joachim de Flore.
Imperio da Caridade
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A côté de l'imperio, des maisons en mauvais état.
C'est souvent le fait d'émigrants qui n'ont plus donné signe de vie
  depuis leur départ des Açores.
Difficile dans ce cas d'acheter ce bien pour le restaurer.
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Géométrie dans la ville
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L'hôtel de ville de Praia da Vitoria en atours de fête
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La rue de Jésus en atours de fête
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Après avoir poireauté à l'arrêt de bus de Praia, me voici à Biscoitos. Cette bourgade au nord de Terceira, s'est construite sur un champ de lave d'où son nom qui signifie biscuits. La culture de la vigne et de la figue se fait dans de minuscules enclos  murés par des pierres de lave.
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A Biscoitos, on prend son bain de mer entre deux coulées de lave.


Le soir, en retournant à l'arrêt de bus pour rentrer à Angra, je suis tombé sur...
un imperio, encore un !
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L'arrivée de Julie et de Charles à Terceira

Mercredi 6 août, Angra do Heroïsmo.

    J'attendais mes enfants hier soir mais un retard d'avion Paris-Lisbonne leur a fait rater Lisbonne-Lajes do Terceira. Il est 11 heures quand je les vois apparaître sur le quai chargés comme des baudets. Charles a dans son sac tout le matériel de pêche nécessaire à attraper de beaux poissons.
   
    Nous cherchons à louer une voiture pour le lendemain mais tout est réservé pour plusieurs jours dans toutes les agences. Une employée d'une agence nous trouvera un particulier qui voudra bien nous louer son véhicule personnel.

    Le lendemain, c'est parti pour un tour de l'île avec une Opel dont la première vitesse, ne s'enclenchant que  selon son bon vouloir, nous mettra en difficulté dans une côte raide derrière un camion peinant à 10 km/h.
 
    Premier arrêt sur la route de Biscoitos, bordée d'hortensias, le solfatare de Furnas do Enxofre. Bof ! Auprès de ceux de Sao Miguel, celui-ci fait un peu riquiqui.
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    Puis nous prendrons un bain de mer entre les coulées de lave à Biscoitos (déjà photographiées au paragraphe précédent).

    Ensuite, ce sera la pénible montée à la Serra Sta Barbara, 1037m, pour cette poussive voiture d'où nous ne verrons rien pour cause d'épais brouillard  et de pluie cinglante, le vent soufflant là-haut en violentes bourrasques.

    La redescente vers la côte sera plus agréable. Nous terminerons le tour de l'île par la visite du petit port de pêche de Sao Mateus da Calheta.

Un boëtteur garnit les palangres
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Une baleinière traditionnelle
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L'île de Sao Jorge

   
    São Jorge est l'île la plus vertigineuse de l'archipel avec des falaises plongeant directement dans la mer et les nombreuses « Fajas », ces plates-formes au pied des falaises, véritables symboles de l'île. Cascades, pâturages, pins, fruits tropicaux, café, eucalyptus et de nombreuses espèces de fleurs et d'arbres rajoutent au charme de ces paysages insolites.
    Toute en longueur (56 km de long sur 8 km de large !), d'une superficie de 247 km2, l'île culmine tout de même à 1053 mètres au Pico da Esperança. La population atteint 10500 habitants.



Vendredi 8 août, 6 heures du matin.

  Nous quittons Angra pour Porto das Velas (qui signifie  Port aux Voiles), la capitale de l'île de Sao Jorge après avoir fait les formalités de départ.
Nous arrivons à 20 heures après avoir fait tout le trajet au moteur et pêché aucun poisson. Le capitaine de port, José,  nous accueille joyeusement avec un  "Welcome in paradise!" et nous place dans la petite marina. Nous ferons les formalités le lendemain.

    La marina de Velas est située au pied d'une falaise où nichent des puffins cendrés. A la nuit tombée, ils sortent des trous et redans et  s'élancent en piaillant : Ptit Louis-Ptit Louis-Ptit Louis... Ptit Louis-Ptit Louis-Ptit Louis! Au dessus de nos têtes, des ombres blanchâtres virevoltent furtivement.
    Ptit Louis-Ptit Louis-Ptit Louis... Ptit Louis-Ptit Louis-Ptit Louis! Ca dure une partie de la nuit.
 





Un puffin cendré
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La marina de Velas
(tout à droite "Felix H", le bateau de nos amis genèvois, Anne et Michel)
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A côté de la marina se trouve le port de pêche: trois représentants de la palmipèdie y tiennent conseil.
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Samedi 9 aôut, Porto das Velas.

    Après un tour à l'office du tourisme, nous constatons qu'on ne peut pas prendre le bus pour visiter l'île, les horaires sont fait pour amener  les gens des campagnes travailler à la ville et non pour amener les touristes au pied des sites à visiter.
    La journée de passe à visiter la ville et à organiser notre séjour. 





Un império, sur celle île aussi !
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Le jardin public.
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L'église de Velas. A gauche de l'église, un excellent restaurant. Le samedi soir, c'est buffet à volonté.
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La rue piétonnière
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Point de vue sur Porto das Velas
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Dimanche 10 août.

    Un taxi nous  conduit au parco eolico vers 10 heures et nous reprend à Cubres vers 15 heures pour la somme de 60 euros
    Julie, Charles et moi faisons une randonnée  parmi les hortensias et les bruyères arbustives jusqu'aux banquettes de lave au pied des falaises qu'on appelle fajas.
    La première faja atteinte est celle de la Caldeira de Santo Cristo. C'est un petit village au bord d'une lagune qui n'est relié au reste de l'île de Sao Jorge que par un chemin escarpé que ne peuvent emprunter que des motos ou des quads. Ce chemin relie Santo Cristo à Cubres.
    La faja de Cubres, quant à elle, est reliée au reste de l'île par une route carrossable qui grimpe la falaise par de nombreux lacets serrés.
    L'album qui suis relate celle belle randonnée.

Voici un apercu de l'album photos sur la randonnée des fajas. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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    De retour au bateau, Charles prend l'annexe et nous ramène deux peixe porco, des balistes qui finiront en un délicieux pâté de poisson.
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Admirez la dentition !.


Le mont Pico vu depuis Porto das Velas
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Lundi et mardi 11 et 12 août, Porto das Velas.

    La réservation d'une voiture de location en août est vraiment problématique. José,  le dévoué capitaine du port, a réussi à nous en procurer une pour deux jours. Nous irons jusqu'à la pointe extrème de l'île et nous contemplerons des paysages splendides.
    Les photos sont dans l'album qui suit.

Voici un apercu de l'album photos sur l'île de Sao Jorge. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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Mercredi 13 Août.

    A 8h30, nous quittons Sao Jorge, la marina de Velas, pour retourner à Angra do Heroismo (Terceira), car vendredi, Julie et Charles reprennent l'avion pour la France et Armelle arrive ce jour-là pour une croisière de 3 semaines aux Açores.
   
    Il n'y a pas de vent, c'est au moteur que nous nous déhalons. Un maquereau espagnol, qu'on nomme ici cavala, se prend à la traîne. Un beau morceau de 1kg.  Nous le remettons à l'eau car nous n'aurons pas le temps de le cuisiner.
   
   
Au bout de l'île, une cascade se jette dans la mer.
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Des puffins sur l'eau
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  Arrivée à la marina d'Angra à 19h.



Le départ de Charles et de Julie, l'arrivée d'Armelle.

Jeudi 14 août, Angra do Heroismo.

    On déjeune au Pirata, une dernière fois ensemble. Le service est agréable, l'assiette copieuse. En terrasse, on a une vue magnifique sur la baie (oui, Angra veut dire baie en Portugais). Charles et Julie sont contents de leur séjour au Açores à bord de Jaoul. Alors, je suis satisfait.
   
En redescendant sur la place de l'église de la Miséricorde, un groupe folklorique açorien...
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Vendredi 15 Août, Angra do Heroismo.

    Charles et Julie ont fait leurs bagages hier soir.
    Il est 7h quand ils quittent le bord pour prendre un taxi pour l'aéroport de Lajes.
    A bientôt, les enfants et bonne reprise du boulot !

    Maintenant, c'est au tour d'Armelle de venir à bord pour visiter les Açores.
    Le temps de nettoyer le bateau, d'aller faire quelques provisions et la voilà qui s'amène.

    Le soir, de nouveau des danses folkloriques et un concert place de la mairie. Puis balade dans Angra by night.

Ici une danse Tchèque
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Musique sur la place de la mairie
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La cathédrale
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Samedi 16 août., 13heures.

    Départ d'Angra pour Horta, île de FaIal.
    Au près bâbord amures, Jaoul taille sa route dans le vif clapot de la mer bleue. On double la pointe est de l'îlle de Pico avant la nuit. Le vent tombe par la suite pour revenir en force 5 ou 6 à l'arrivée dans la rade de Horta, vers 5 heures du matin dimanche. Armelle a la surprise désagréable de connaître le mal de mer.
    Je suis près à mouiller l'ancre dans la rade quand un type me fait signe de me mettre à quai devant la capitainerie. Voile ferlée, pare-battages et amarres à poste, je tente une approche. Je vais m'y reprendre à quatre fois avant de pouvoir accoster Jaoul face au vent le long du quai. J'ai failli, dans cette manoeuvre, heurter le môle de la marina. Je m'en veux d'écouter les officiels des ports. Il eut été bien plus commode pour moi d'ancrer dans la baie et de venir à quai, le jour venu, avec un vent moins fort.

    Dans la matinée, nous aurons une place dans la marina. Nous irons une fois le vent calmé.



l'île de Faial


    Initialement connue sous le nom d'Insula de La Ventura, puis Ilha de São Luís, Faial fût découverte par le navigateur portugais Diogo de Silves en 1427. On trouve trace d'un  premier peuplement de l'île dès 1432 mais c'est en 1465 que le flamand  Josse Van Huerter débarqua avec 15 hommes sur la plage de Almoxarife pour s'y établir.

    L'île doit son nom  actuel (Faial, la hêtraie) à la présence de nombreux arbustes (myrica faya) apparentés aux hêtres. A la fin du XVe siècle la population comptait déjà 1500 âmes. 

    L'île volcanique mesure 21 kilomètres sur 14 et a une population de 15000 habitants. La dernière éruption, celle du volcan Capelinhos a eu lieu entre le 27 septembre 1957 et le 24 octobre 1958. Cette éruption a détruit un village de pêcheurs dont il ne reste plus, aujourd'hui, que le phare. Cette éruption compte parmi les plus longues connues aux Açores.
    Sa capitale est Horta, le potager.



Dimanche 17 août, Horta.
 
    Une visite de la marina célèbre pour ses peintures, sorte d'ex-votos que les navigateurs de passage laissent sur le sol des quais et les murs des digues s'impose en premier.


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Voici un apercu de l'album photos sur les peintures de la marina d'Horta. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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Lundi 18 août, Horta.
 
    Armelle et moi partons à la découverte de la ville d'Horta.


Horta vu du haut du Monte Guia, un ancien volcan marin qui protège la baie.
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Porto Pim, la plage d'Horta.
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Au  Monte Guia, la caldeira do Inferno.
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Lundi 18 août, Horta.

    Nous réservons un scooter pour aller voir le volcan Capelinhos demain.
    En attendant, nous nous promenons dans la ville, faisons quelques courses. 
               

Armelle a les yeux plus gros que le ventre.
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Ici, les compteurs à eau ne craignent pas le gel.
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      Puis nous allons voir où se trouve ce fameux Café des Sports, Peter's café, lieu de rendez-vous des marins au retour d'une "transat".
     

      Puis nous allons voir où se trouve ce fameux Café Sport, Peter's Café, lieu de rendez-vous des marins au retour d'une "transat".
     
            
Sur l'imperio, le nom de la rue
Rua José Azevedo (Peter), le grand-père du propriétaire actuel.
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Chez Peter
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Mardi 19 août.

    C'est parti pour la visite en scooter du volcan Capelinhos qui apporta quelques km² supplémentaires à l'île de Faial durant son éruption de 1957-58 en détruisant un village de pêcheurs et relèguant le phare à l'intérieur des terres en le rendant inutile.

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Le Capelinhos vu de la Cabeço da Fonte 487m. Plus vaste à la fin de son éruption, il a été rongé et englouti en partie par la mer.
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Des bombes volcaniques, projections de lave en fusion.
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Le phare, désormais en terre, n'éclaire plus la nuit.
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En redescendant du Capelinhos, lors d'une pause, Armelle fait le zouave sur le scooter; elle qui n'a pas les jambes assez longues pour tenir le scooter droit à l'arrêt.
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Une plantule de bruyère sur un rocher en lave.
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Jeudi 21 août.

    Après une visite décevante, hier, du musée d'Horta, nous reprenons la route en scooter pour monter à la Caldeira qui culmine à 1043 mètres.
    La pluie nous surprend en route au village de Flamengos, un nom qui vient des Flamands qui peuplèrent l'île au début de sa colonisation. Nous nous réfugions sous l'auvent d'un bar. Elle cesse une heure plus tard et reprendra durant notre randonnée autour de la Caldeira.

Voici les derniers instants avant le brouillard et la pluie qui nous empêcheront de contempler plus longtemps ce splendide et vertigineux paysage.
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En redescendant de la Caldeira, nous abordons Horta par le nord.
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Samedi 23 août, Horta.

    Je veux aller à la marina de Lajes do Pico, mais le capitaine de port m'en dissuade. Il n'y a que 5 places visiteurs, toutes occupées et de plus un vent fort de sud-ouest rend l'endroit infernal.
    Madalena est la ville la plus importante de l'île mais le mouillage y est agité par suroît et étroit pour laisser la place au ferry pour ses manoeuvres.
    Sao Roque s'impose donc comme mouillage abrité du suroît.


    Après avoir passé du bon temps avec nos amis Suisse hier soir, Anne et Michel, du bateau Felix H, nous levons l'ancre ce matin pour aller à Sao Roque do Pico, sur l'île de Pico qui est toute proche.



L'île de Pico


  Administrativement, le territoire de l'île est partagé entre trois villes : Lajes do Pico (capitale), Madalena (port principal, face à Horta) et São Roque do Pico.
    L'île de Pico est distante d'environ 8 km de l'île de Faial et de 15 km de l'île de São Jorge. Sa superficie de 444,8 km² en fait la deuxième île des Açores. Elle compte une population de 15 500 habitants. Sa longueur est de 42 km et sa largeur de 15,2 km.

    Découverte avant 1439, elle fut tout d'abord désignée sous le nom de São Dinis. Les premiers habitant s'installèrent à partir de 1460 et son peuplement fut définitivement établi en 1482 avec la fondation de la ville de São Mateus.

    Dans la région occidentale de l'île est cultivée la vigne donnant naissance au fameux « Verdelho do Pico » (vin blanc liquoreux, qui eut son heure de gloire à la cour de Russie), plantées dans des terrasses construites en basalte.

    L'île de Pico conserve aujourd'hui encore les vestiges d'une longue tradition de chasse à la baleine, avec l'industrie baleinière.

    Le volcan de l'île de Pico (Ponta do Pico) s'élève à 2 351 mètres, c'est le point culminant des Açores et du Portugal.
  


Samedi 23 août, Sao Roque do Pico.

    Le vent de sud-ouest nous mène en quelques heures à Sao Roque. Il doit progressivement passer ouest mardi prochain. Armelle est heureuse de barrer au portant. Il est 16 heures trente quand nous mouillons l'ancre proche du rivage par 13m de fond.
 
  
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Dimanche 24, Sao Roque.

    De retour au bateau après un petit tour à terre et visite à l'office du tourisme pour voir les possibilités de déplacement dans l'île, nous sommes un peu dépités. A Sao Roque, il n'y a rien sauf le taxi qu'il faut faire venir de Madalena et s'y rendre pour louer une voiture.

    Le mouillage, ouvert du nord-ouest au sud-ouest est sujet aux vents catabatiques descendant du mont Pico qui peuvent être forts, ne m'incite pas à laisser mon bateau seul hors de ma vue durant plusieurs heures, voire une journée.

    En exposant ce problème à Armelle, elle m'engueule et le ton monte. Je lui dit de se "demerder" par elle-même si elle veut louer une voiture, moi, je reste sur mon bateau. Elle s'assombrit et ne veut plus que je lui adresse la parole de la soirée. L'ambiance est à présent plombée.



Lundi 25 août.

    La nuit a passé et Armelle est dans une meilleure humeur. Elle témoigne de sa crise en écrivant sur mon livre de bord.
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    Promenade dans Sao Roque et aux alentours.


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    Sao Roque est un port pour le débarquement des marchandises dont l'île a besoin. C'est aussi un terminal pour les ferries qui transportent les passagers et leur voiture.
    Aussi verrons-nous des pétroliers, des cargos et de gros ferries manoeuvrer dans le port et parfois venir un peu trop près de Jaoul.
      



Armelle observe l'accostage d'un pétrolier.
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Le ferry de 21h pique droit sur nous avant de virer sur tribord: frayeur!
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C'était aussi un port de débarquement et de transformation en huiles, farines et engrais de ces superbes animaux marins que sont les baleines comme en témoigne cette usine devenue musée.
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Des sternes ont choisi le balcon avant de Jaoul comme reposoir et pour y faire leurs besoins.
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Armelle a retrouvé sa bonne humeur. Son skipper préféré peut donc envisager la suite de la navigation.
 


Mardi 26 août, 8h30.

    Départ de Sao Roque do Pico pour Porto Vila (Praia), île de Graciosa.  


L'île de Graciosa


    7 kms sur 12.  Ses 4 391 habitants (données de 2011) se dispersent sur les 60,9 km2 qui constituent la superficie de l'île. C'est la plus septentrionale des cinq îles qui constituent le groupe central, et l'île la plus voisine est São Jorge, à 37 km de distance. Le point le plus élevé, à 405 m d'altitude, est à Caldeira.


    La date de la découverte portugaise de Graciosa est incertaine. On pense qu'elle aura été identifiée en 1427, avec les autres îles du groupe central, et que dans la décennie de 1430, du bétail aura été lancé sur l'île, sur ordre émané de la Couronne portugaise.  En un mouvement de Sud vers le Nord, les plaines aux sols fertiles de l'intérieur sont progressivement occupées.
    L'économie locale repose sur l'agriculture. Le blé et, de manière presque exceptionnelle pour l'archipel, l'orge sont les principales productions au XVIe siècle. Outre la récolte de l'orseille, la viticulture joue un rôle chaque fois plus important, l'eau-de-vie et le vin locaux étant appréciés et consommés aussi bien dans l'île qu'au-dehors. Les relations commerciales se font avec Terceira, port central de l'archipel. Et tout comme l'île voisine, Graciosa est attaquée et mise à sac aux XVIe et XVIIe siècles.

    Des périodes de sécheresse et des catastrophes naturelles sont des épisodes marquants et constants de l'histoire de Graciosa, qui causent un appauvrissement généralisé. Comme il arrive dans les autres îles, la viticulture subit un déclin notable au XIXe siècle à la suite de l'apparition de l'oïdium et du phylloxera, maladies qui affectent une grande partie de la production.
    Dans les décennies 1950-1970, une vague d'émigration vers les États-Unis appauvrit encore le panorama socio-économique de l'île. Un mouvement d'union coopérative, afin de retrouver une partie de la tradition vinicole, parvient à créer, en 1994, la Région démarquée de Graciosa.
    De nos jours, ce sont cependant les produits laitiers et la viande qui sont les plus importants dans l'activité économique de l'île. La terre, très parcellée, donne encore abri au maïs, aux produits horticoles et aux arbres fruitiers.

  Dans les années 1980, la construction de l'aérodrome et du port commercial de Praia a ouvert des perspectives de futur, Graciosa se positionnant elle aussi sur les chemins du tourisme durable.




Mardi 26 août.

    Nous filons bon train au petit largue pour passer la Ponta das Rosas, la pointe ouest de Sao Jorge et abattre en suite vers Graçiosa.

Impressionnantes falaises de Sao Jorge.
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    Nous mouillons entre la Praia et l'entrée de la petite marina réservée aux pêcheurs. Le mouillage est exigu à cause d'un secteur de feu qui couvre une large zone pour protéger des câbles sous-marins de l'agression des ancres.
   
En face du port, l'Ilheu da Praia
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Mercredi 27 août, Praia (Sao Mateus).

    Après avoir débarqué dans la marina et demandé pour y entrer, le chef de port nous montre notre place: à l'entrée le long du quai.
    Un marin, José-Joao, nous accueille en nous aidant à nous amarrer. Nous faisons ensuite connaissance, lui ne sachant que le portugais et nous que le français ou l'anglais. L'échange n'est pas facile mais le coeur y est. 
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José-Joao nous offre un maquereau espagnol, un cavala, qu'il a pèché ce matin.
Armelle l'a préparé.
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Il y a à manger pour trois ou quatre personne.
Dommage que la chair soit un peu trop molle et fade !



Le port de Praia vu depuis la caldeira
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    Nous sommes le long d'un quai et cette situation est bien agréable pour regarder et sentir vivre les gens de l'île.

    Chaque soir, un couple vient pêcher de tout petits poissons. C'est la femme qui pêche et l'homme appâte. Toutes les quinze secondes, elle sort un poisson que l'homme décroche et met dans un seau. A chaque fois que nous nous voyons nous échangeons un sourire. Pour quelques temps, nous faisons partie du paysage.
    Au café, c'est pareil. Nous sommes les français du bout du quai. Et nous obtenons facilement de l'aide pour téléphoner à un taxi pour visiter l'île. Au bout de quelques jours, on nous reconnaît dans la rue.

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Praia (Sao Mateus) vu depuis le Quitadouro (213m).
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    Nous partons à pied explorer les alentours, le long du littoral jusqu'au village de Fenais. Des maisons paysanes modestes, des lopins de terre, des animaux domestiques.

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Dans un cellier
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Puis au retour, dans le village de Sao Mateus, une ambiance paisible...
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Jeudi 28 août, Praia.

    Nous partons en taxi pour la caldeira de Graçiosa. Il y a une grotte avec un lac dans la lave à visiter. Nous serons déçus, car nous ne pouvons aller sur le lac en barque. Donc, il n'y a rien à voir. Nous rentrons à pied au bateau en faisant le tour de la caldeira profitant des jolis points-de-vue sur l'île.

 

Samedi 30 août.

    Nous partons en taxi visiter Santa Cruz, la capitale de l'île.


Voici un apercu de l'album photos sur la ville de Santa Cruz da Graçiosa. Pour accéder à l'album cliquer sur le bouton [:::] ci-dessous.
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    Dans l'après-midi, nous aperçevons "Ze"(un "Rêve des Tropiques en alu) le bateau de Ralph (nous l'avons rencontré la première fois lors de notre visite à la grotte de la caldeira) ancré dans la baie de Porto da Barra. Ralph est originaire de Zürich et vit à Barcelone avec sa famille.
Portinho da barra
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Ralph
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    Ralph nous invite à bord de Ze pour le déjeuner demain dimanche. Il nous promet du poisson qu'il ira prendre en chasse sous-marine.
    A 17heures, le taxi nous ramène et nous dépose au village de Fonte do Mato (la fontaine de bruyère) pour que nous assistions à la tourada à corda.

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    Je suis assis sur un muret et je lève les pieds à chaque fois que le taureau vient trop près. Quand il lui prend de cogner dedans, le muret tremble comme s'il allait s'écrouler, c'est impressionnant.

    Armelle se tient en retrait derrière le mur. Assise à côté de moi, une brune Américaine à l'allure de Porto-Ricaine, une Açorienne revenue au pays pour les vacances. Nous parlons en anglais.
    Beaucoup d'habitants des Açores et plus particulièrement ceux de Graciosa, parce que l'île est pauvre, émigrent aux Etats unis ou au Canada. Une fois la retraite venue, ils rentrent au pays laissant leurs enfants en Amérique. Ils viennent voir leurs parents le temps des vacances et repartent ensuite.


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Dimanche 31 août.

    Un taxi nous emmène à Porto da Barra pour déjeuner avec Ralph. Il nous reprendra en fin d'après-midi pour rentrer au bateau.
    "Ze", mouillé dans l'anse roule d'un bord sur l'autre. Au loin une barre ferme l'anse. Derrière la barre, l'annexe bleue de Ralph et Ralph sous l'eau en train de capturer notre repas. Nous sommes en avance et nous attendons sur le môle.
    Ralph apparaît et grimpe dans le dinghy qui, moteur en marche, disparaît ensuite derrière la barre. Nous nous inquiétons de savoir comment il va passer les déferlantes. Mais, ça se passe bien puisqu'on voit Ralph venir à son bateau pour y déposer ses armes et son butin.
    Puis, il vient nous chercher. 


Ze, le bateau de Ralph.
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Ralph et Armelle en grande discussion.
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La pêche du jour, des sars.
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Lundi 1er septembre, 8h30.

    Il est temps d'appareiller pour rentrer à Terceira, à Angra d'abord. On ira à Praia da Vitoria ensuite. José-Joao est là, un ami pêcheur l'accompagne. Je pense que c'est son coéquipier de pêche. Je bricole trois mots de portugais pour le lui demander. Il me répond et je me sens soudain intelligent car j'ai compris. Il a dit en portugais, sur le ton de la plaisanterie :" non, il est trop dangereux!" Et nous rions ensemble tandis qu'ils défont nos amarres.

    Adieu José-Joao, adieu les amis de Graçiosa. Cette île, sûrement la moins touristique de l'archipel,  nous a le plus apporté par les contacts simples et chaleureux que nous avons eu avec ses habitants.



La fin du séjour aux Açores

Lundi 1er septembre et les jours suivants, Angra do Heroismo.

    Il est 19h30 quand on s'amarre dans la marina d'Angra. Cette fois, je n'ai eu que l'embarras du choix pour choisir la place du bateau. La saison se termine, bien des voiliers sont partis et les quais pleins de gens désirant aller en mer pour voir des baleines sont vides à présent. Pourtant, il fait encore chaud et les soirées sont douces.

    Nous retrouvons nos amis suisses, Anne et Michel,  pour un dernier repas sur Félix H (un Hallberg-Rassy de 12m). Ils ont déjà leur billet d'avion retour pour Genève. Ils ont pris rendez-vous avec un chantier pour sortir leur bateau de l'eau, le remiser sur un terre-plein. Il y séjournera jusqu'au mois de mai l'année prochaine quand Michel et Anne seront de retour pour une nouvelle saison aux Açores.

    
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    Armelle part en balade dans Terceira qu'elle ne connait pas, Angra la magnifique, la caldeira qui ne lui laissera pas un souvenir impérissable, le Monte Brasil, tandis que je reste à Angra pour avitailler le bateau en vue du retour en France, et sur le bateau pour nourrir ce site.

 
Facétieuse jusqu'à la fin de son séjour, Armelle griffonne sur mon livre de bord une contrepèterie anglaise.
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Vendredi 5 septembre, Angra do Héroismo.

    Nous quittons Angra pour Praia da Vitoria, l'autre ville à l'est de Terceira proche de l'aéroport, car demain Armelle quitte les Açores en fin d'après-midi.
    Dernière journée de voile ensemble, le vent de nord 4 à 5 beaufort est au rendez-vous. Nous doublons la pointe sud-est de l'île au travers puis nous tirons des bords afin d'entrer dans la rade de Praia où nous mouillons près d'un voilier américain, un couple âgé avec quatre chiens à bord.

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Dimanche 7 septembre, Praia da Vitoria.

    Armelle a disparu dans un taxi pour l'aéroport de Lages hier soir et je suis seul à présent. Je pense à mon retour, le temps à venir ne semble pas propice à mon envol. Il va faire du vent. Aussi, je décide de profiter du calme qui règne encore ce matin dans la rade pour amarrer Jaoul au ponton de la marina.
    J'ai vraiment choisi le bon moment, il est 2h de l'après-midi quand le vent monte rendant tout accostage en marina hautement hasardeux.

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    Je rencontre les navigateurs Français amarrés ici. Quelques uns hivernent dans leur bateau à flot, la plupart le fait sortir de l'eau, le désarme et s'en retourne en France. Ils reviendront en avril ou mai prochain. 
    Chacun y va de sa morose litanie:  la mauvaise saison arrive tôt cette année; tu devrais faire comme nous, mettre ton bateau au sec et rentrer en avion. Mon moral en prend un coup.

Un hivernant Suédois anime le ponton avec son accordéon.
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Jeudi 11 septembre, Praia da Vitoria.

    Chaque jour, je scrute le fichier météo GRIB que je vais chercher sur Internet toutes les six heures pour tenter d'y discerner une fenêtre favorable pour m'élancer. Ca souffle fort. Les rues de Praia sont presque désertes, la plage aussi.

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    Je suis invité chez Patrick et Insa sur leur bateau, un Evasion 37. Ils hivernent à flot, leur bateau est leur seule demeure. Elle est Allemande, lui est Français. Chacun ne sait parler la langue de l'autre, ils se parlent en espagnol. Lui est un ancien légionnaire qui a vécu ensuite une vie tumultueuse. Notre rencontre se fait sur l'écriture. Il a écrit trois livres dont deux racontent sa vie, "Le ciel en enfer", "Le Blatnoï", dont voici  l'adresse internet pour se les procurer:

http://www.amazon.fr/Patrick-Letellier/e/B00GY3F7TQ


    Au moment de quitter les Açores, un retour sur le parcours de Jaoul s'impose. Voici deux cartes matérialisant son sillage dans l'archipel et plus particulièrement dans le groupe central.
    7 îles visitées. Il manque Corvo et Flores trop à l'ouest pour s'y rendre en fin de saison.:

Sillage dans le groupe central
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Sillage dans les Açores
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Samedi 13 septembre.
   
    Ralph, dont le voilier était ancré dans la rade depuis une sermaine, s'est élancé hier samedi vers le Portugal, Figueira da Foz, le port d'attache de Ze. Moi, c'est pour demain. Une fenêtre météo se précise. Elle sera de courte durée, je pense.
    Je passe la journée à préparer Jaoul pour le départ.




Dimanche 14 septembre, Praia da Vitoria.

    Dans la nuit, le vent s'est calmé. S'il ne reprend pas dans la matinée, c'est bon.
    Il est 9heures quand j'appareille. Les amis sont là, ils ne sont pas rassurés, le voyage est long et je suis seul. On se souhaite les meilleures choses du monde. Je promets de donner des nouvelles.




 


Le retour à Carentan

Dimanche 14 septembre.
Voici la fenêtre météo qui me permet de quitter Praia sereinement.
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Une dépression stationnaire, entre le Portugal et les Açores, est bloquée par un anticyclone sur le nord-ouest européen.  Cette situation dure depuis une semaine et va durer encore longtemps. La conséquence sera la rencontre d'un vent contraire à ma progression en fin de semaine.
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    Contrairement aux jours passés, le vent est absent. Moteur de 9h à 11h. Puis vent arrière force 3. Grand soleil. Il fait 26° dans le bateau. Houle de 2m50 avec une amplitude de 150m et houle secondaire croisée.
    La mer hérissée picote comme le crépi d'une maison. Jaoul file 4 noeuds, cap vrai 40°.

    Terceira ne s'enfonce pas dans l'eau, elle s'évanouit dans l'épaisseur du voile atmosphérique en même temps que s'évanouit ma pensée des Açores, de Terceira, de Praia, des amis restés là-bas, de ce que j'y ai vécu. Une page se tourne. Tout ce dont je suis imprégné depuis des semaines, n'est plus présent à mon esprit et se range désormais au rayon des souvenirs. Je suis seul sur le vaste océan et maintenant tendu vers ce qui vient devant, Carentan, le port, les amis, la route la plus courte et la plus rapide pour y parvenir.

  22H. Un coup de vent de nord, brutal. Deux ris dans la grand-voile, puis grand-voile ferlée, yankee roulé au 2/3. Le coup de vent dure deux heures puis le vent s'établit durablement au nord-nord-est force 6. Allure de petit largue sous voilure réduite le reste de la nuit.



Lundi 15 septembre.

    9h. 100 milles parcourus en 24h, soit à la vitesse de 4,2nds. C'est pas terrible !
   
    Des éclats de métal sur des pics étalés.
    Puis la pluie vient adoucir le relief.
    Des buissons de cristal naissent parfois pour s'effondrer aussitôt en  cinglant le hublot sous le vent.

    Midi. Allure de bon plein, bâbord amures. Une  allure qui durera jusqu'à samedi. Vitesse 5nds, cap vrai 60°. Mer moins désordonnée, la houle s'établit nord-nord-ouest, vent NNW 6. Jaoul marsouine.

    16h. Le bateau est instable, trop toilé. Je roule du yankee, il reste 3m2 de toile dehors. La vitesse tombe à 4,5nds, vent de travers, meilleur confort à bord, cap vrai 90°

   
Jaoul à la gite
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Mardi 16 septembre.

    9h. 203 milles parcourus depuis Praia. Vitesse 4,2nds.
    La nuit a été tranquille.  Je dors presque toute la nuit avec réveil toutes les 4 heures, pour cause de vessie pleine.  Dormir bien, dans ma cabine, si bien calé sur ma couchette sous le vent qu'il est difficile d'en sortir à cause de la gite. Dormir, c'est ce qui me permet d'accepter la succession des jours et des nuits durant la traversée. La nuit est longue à partir de l'équinoxe, insupportable si je dois rester éveillé.

  J'essaie de rétablir la grand-voile au bas ris. En vain. Les lattes de la grand-voile se prennent dans les lazy-jacks. Impossible de régler ce problème en se mettant bout au vent. Jaoul s'y refuse, tombant travers à la lame à chaque essai. La mer et trop grosse. J'essaierai de nouveau quand elle sera plus calme.
    J'établis la trinquette.



Mercredi 17 septembre.

    Dépression 996 hp centré à 200 milles du cap Finisterre, stationnaire depuis plus de 10 jours.
    Le vent à soufflé grand-frais toute la nuit. Jaoul suit une route ondulante de 20° à 80°, voire 100, ce qui donne un cap vrai moyen de 50°.

    Pour régler Jaoul, je fais varier la position de la dérive centrale ainsi que l'angle de barre.
   
  • Trop près du vent, il accélère, gite comme un forcené, tape dans la vague à grand bruit, à l'intérieur la vie devient impossible.   
  • Trop loin du vent, il abat devient mou et ralentit. On s'éloigne de la route.
    Toute la finesse du réglage consiste à trouver un compromis entre cap et confort.
 
    Mer forte, houle de 3m. Les aérateurs, bien que fermés, laissent passer un peu d'eau quand une vague monte à bord. A chaque coup de gite, les passavants sous le vent sont lessivés.


    Hier, j'avais renoncé au café au lait que j'aime boire au petit déjeuner. Trop compliqué par cette mer-là. J'avais avalé un bout de pain avec du Camembert. Mais aujourd'hui, même si les conditions de mer n'ont pas changé, j'en ai envie.

    Le lait fait des vagues dans la casserole mais ne passe pas par dessus bord. Pas de tartines grillées aujourd'hui, elles ne tiennent pas un coup de gite sans s'échapper du gril.
    Le café en poudre dans le récipient spécial grande profondeur (déjà décrit), calé dans la cuvette, elle-même calée dans l'évier par deux éponges superposées afin de rattraper un peu d'inclinaison, puis le lait.

    Et le skipper, après avoir joué dangereusement avec beurre et confiture à étaler sur la tartine en est venu à quelque chose de bien plus simple dont voici le protocole:
  • Engouffrer la tartine, si possible trempée de café au lait. Attendre avant de la mastiquer.
  • Engouffrer une petite cuillerée de beure. Attendre encore.
  • Engouffrer une petite cuillerée de confiture (figues violettes de chez Bonne Maman).
    Puis, mastiquer le tout.
  • Ensuite, mettre le museau au ras du bol qui est dans la cuvette qui elle-même est dans l'évier. Caler une fesse sur le puits de dérive, un pied sur le plancher très en avant, l'autre très en arrière. Mettre les coudes sur la paillasse, un de chaque côté de l'évier, les maintenir bloqués par les fargues. Enserrer le bol des deux mains, la bouche posée sur le bord grande ouverte, le plus possible de manière à récupérer le maximum du breuvage avant qu'il ne passe par dessus la lèvre supérieure,  s'échappe sur les côtés, dégouline sur le menton et coule parfois plus loin, dans le cou.
    C'est encore trop compliqué. Je n'arrive pas toujours, sous les coups de gite, à éviter le ressac dans le bol et les coulures sur le menton. Pour le prochain voyage,  je  tâcherai de me procurer des pailles de gros diamètre.

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    Hier midi, j'ai fait simple aussi. Une boite de petit pois froids à la cuillère dans leur jus, une boite de pâté Hénaff avec la même cuillère. C'était parfait ! Aucun petit pois n'a roulé par terre, aucune tâche de gras n'est venue souiller le livre de bord.
    Et pour la vaisselle : poubelle.



Mercredi 17 septembre.

    Midi. Parcouru 119 milles en 24h, soit pratiquement 5nds de moyenne. Vent de nord-nord-ouest force 7, cap vrai 65°.

    Dehors, le spectacle est beau, mais on n'y reste pas à cause des embruns. Les verres de mes lunettes se dépolissent en un rien de temps, comme si la cataracte me tombait dessus brutalement.

    Rester à l'intérieur, ramper jusqu'à la cambuse qui se trouve sous la banquette bâbord, soulever le couvercle d'une main, casser un bout de tablette de chocolat. Engouffrer les deux carrés rapidement, parce qu'il faut les deux mains pour me tenir et revenir à ma couchette. Il n'y a que là qu'on est bien.
    Je bouquine un peu.
    Ca devrait chahuter comme çà deux jours encore avant de passer de l'autre côté de la dépression et recevoir le vent sur tribord avec un peu moins de force.

    15h. Le vent semble avoir faibli. Je déroule un peu de yankee. Puis je décide de faire du pain, il n'y en a plus.
    Je me débrouille pour jongler avec les accessoires et les ingrédients pour garder l'équilibre.

    Ouf ! La boule de pâte est faite, pétrie à genoux sur le plancher, dans le grand saladier, puis mise à lever sur la cuisinière à cardans. La mer vient par le travers. Une lame déferle. Coup de butoir, Jaoul part à la gite. Le saladier et la pâte à pain giclent par dessus les fargues de la cuisinière. La boule vient se caler au pied du puits de dérive. Comme elle est bien consistante, rien ne reste collé.
    Je mets la boule avec son saladier dans la cambuse, sous la banquette  bâbord du carré. Là au moins, elle ne pourra plus se sauver et sera à l'abri des courants d'air. Je  cale le saladier avec des boites de conserve. La pâte, au calme, finit là sa levée.
    La cuisson se passera sans problème particulier.

    16h. Premier cargo croisé depuis le départ de Terceira. A moins d'un mille. C'est l'alarme du transpondeur AIS qui a sonné. Le "Maersk Dhahr", 294m de long, 32m de large, 12m30 de tirant d'eau, est un porte-conteneurs. Il se rend à New-york.
    Pour lui, cette mer n'est que vaguelettes de jardin des plantes. Pour Jaoul, si ce n'est pas l'Himmalaya ni les Andes, c'est quand-même plus que les Vosges ou le Jura.

    20h30. L'anémomètre qui était aux abonnés absents depuis deux ans, s'est mis à fonctionner de nouveau. Vent de force 6 à 7 de nord-nord-ouest-quart-nord.
    Jaoul tape dur au bon plein. Cap 55-60°.

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Jeudi 18 septembre.

    Réveillé à 7h, dormi 4h.  Route au 60°, vitesse 5nds, vent force 5, mer forte, allure de bon plein.

    Midi. 114 milles parcourus en 24h. Si Jaoul ne zigzaguait pas de 50° à 115°, on ferait mieux.
    Jaoul zigzague parce qu'il court tout seul sans pilote. Le pilote, lui, ne tient pas longtemps dans cette mer forte sans la grand-voile pour équilibrer le bateau. Il fait sauter le disjoncteur du tableau à chaque fois qu'il vient en butée pour tenter de remettre un Jaoul récalcitrant sur sa route.

    20h, France-Inter. Grand frais sur Finisterre. Dépression stationnaire centrée à 200 milles à l'ouest du cap Finisterre, se comblant lentement.
    Charcot, grand frais par intermittence.



Vendredi 19 septembre.

    Réveillé à 2h du matin par Jaoul filant vent arrière au 140°. C'est pas sa route ! C'est le battement de la dérive dans son puits qui m'a réveillé.
    Remis sur le chemin, cap 52°. Petit largue 5nds. Vent de nord-ouest force 4.
    Je retourne me coucher.

    7h30. Réveil, puis petit déjeuner acrobatique. J'affine ma technique.

    Le grand frais d'hier soir n'a pas été facile à négocier. Soufflant par intermittence, il m'a obligé à d'incessants réglages. Aujourd'hui le temps est bien plus maniable. Jaoul marche au près. Il tape souvent mais rien de comparable avec les jours précédents.

    Durant ces jours, Jaoul montait au lof en accélérant, il escaladait l'abrupt de la houle qui s'effaçait d'un coup une fois qu'il était  parvenu à son sommet. Elle le laissait retomber de tout son poids sur le plat de la vague suivante. Ca faisait un bruit épouvantable. Jaoul tremblait depuis sa quille jusqu'en haut de sa mature. Les objets, qu'on pouvait considérer comme calés puisqu'ils ne s'étaient pas encore manifestés, giclaient de partout. Leur ramassage était rendu pénible. Il fallait les caler de nouveau sans que d'autres objets profitent de l'occasion pour s'extraire à leur tour des placards.
    Parfois, une  déferlante venait bouler sur la coque de Jaoul avec un bruit d'enfer, l'obligeant à abattre.
    Parfois, une crête furieuse s'abattait, elle aussi, sur le pont révélant le manque d'étanchéité des aérateurs fermés.

    14h. J'ai dit "temps plus maniable que les jours passés", eh bien ce n'est plus le cas. Force 5 de nord-nord-ouest, la houle reprend de la hauteur et de l'escarpement.

    Le côté dépressif de la dépression, une humeur qui change avec le temps ! Le portant, c'est important, pourtant ! Jeux de mots qui viennent d'affleurer à mon esprit, plaisanterie pas si anodine que ça.

    17h. Ayé ! Je suis à présent plus près de Ouessant que de Terceira. C'est un soulagement de savoir que les efforts consentis des jours durant portent leurs fruits. Si le paysage n'apporte pas la preuve de la progression du bateau sur sa route, la trace sur l'écran de l'ordi en témoigne, à l'instar de celle de l'escargot sur sa feuille de salade et bien plus lentement encore.
     
    21h. Pour avoir du vent de nord-nord-ouest depuis six jours, c'est que Jaoul se déplace à la même vitesse que la dépression. La direction du vent dit que Jaoul se trouve à l'ouest de la dépression. Ce soir à 20h, j'ai chopé une bribe de météo marine parmi la friture des ondes : la dépression arrivée à la Corogne, se déplace vers le sud-ouest. Ce qui veut dire que le vent va progressivement refuser, passant au nord, puis au nord-est, ainsi de suite.



Samedi 20 septembre.

    7h30. Au prés, on fait du 100° depuis une demi-heure. Le vent a refusé comme prévu. On faisait du 50°, puis après un quart d'heure de vent nul, le voilà qu'il souffle du nord-est, précisément de là où je veux aller.

    9h. Mer peu agitée. Vent force 4. Cette fois, l'état de la mer me permet de hisser la grand-voile. J'ai essayé de remettre deux lattes qui s'étaient déboîtées. Je n'y suis pas parvenu. La grand-voile, sans ces lattes, va bien quand-même.

    J'ai trouvé un gendarme, un fil d'inox cassé qui se détoronne, sur le bas-hauban bâbord arrière. Peur rétrospective : j'aurais pu, dans la piaule, prendre le mat sur la tête.  Ca me file le bourdon : si ça commence à lâcher ainsi, c'est tout le gréement que je dois changer. L'argent, ce que ça coûte, c'est énorme ! Rien que pour me balader sur l'eau. Bon, ça y est, je vais remettre le bateau en état pour le vendre.
    La dépression stationnaire à l'ouest du cap Finisterre est aussi dans mon esprit.

    Midi. 100 milles parcourus en 24h.
    13h. Le vent faiblit en refusant. Cap 110°. Pétole.
    14h. Virement de bord. Cap au 50° et moteur à l'appui.

    J'ai eu du mal à régler le bateau tribord amures. Après avoir passé une semaine bâbord amures, j'ai perdu mes repères de tribord. Comme j'en avais assez d'aller, sept jours durant à l'assaut de l'évier, à présent je monte à l'assaut de la table à carte et descend à l'évier. Ca change !

    J'ai pêché un fou de Bassan. Je traînais, depuis les Açores, un leurre au bout de ma ligne sans rien prendre. Deux puffins cendrés tournoyaient au dessus du leurre sans se résoudre à s'en saisir. Un fou, immature forcément, a fait le malin devant les deux autres hésitants et a fondu sur le poisson d'acier. La ligne s'est mise à filer à grande vitesse, j'ai agrippé le moulinet et j'ai rembobiné la ligne avec difficulté tout en me demandant comment j'allais faire pour récupérer l'oiseau et dans quel état. Puis, la résistance a cédé et j'ai remonté la ligne plus facilement. Je pensais que le fou s'était aperçu de sa méprise et avait lâché l'affaire. Mais, quand j'ai ramené le leurre, l'hameçon triple avait disparu.
    J'espère que le corps des oiseaux, comme celui des poissons, finit par rejeter les hameçons.

    21h, heure française. J'étais à l'heure des Açores qui est GMT+0 depuis mon départ de Terceira. J'ai changé quand j'ai constaté, vers 14h, que le soleil était bien bas. Je suis maintenant à GMT+2 et j'ai réglé ma montre en conséquence.

    Vent de sud-est. Allure travers au vent, cap 50°, mer peu agitée. Avec deux ris dans la grand-voile Jaoul file 5nds.
    Après une semaine de conditions de navigation musclée, un peu de calme fait du bien.



Dimanche 21 septembre.

    Vent de sud-est régulier en direction mais pas en force. Il passe de 2 à 5 et revient.
    9h30. J'entends un battement inhabituel au dehors. La grand voile est déchirée sous le troisième ris. J'ai donc pris le troisième ris. Je suis à présent équipé pour le gros temps.

    Au Navtex, je reçois, pour la première fois depuis les Açores, le bulletin  météo pour les zones grand-large.

    Midi. Un petit oiseau au ventre jaune s'est réfugié sur Jaoul. A l'aide de mon livre, je l'identifie. C'est un pipit farlouse. Un oiseau des champs qui se nourrit à terre de petits insectes et parfois de graines. Qu'est-ce qu'il fait en mer à 170 milles de la côte la plus proche ?
    Un autre pipit essaie de se poser et renonce.
    L'oiseau se familiarise avec moi. Je peux lui caresser le dessus de le tête avec le doigt. Il semble apprécier. Mais, c'est pénétrer dans le bateau qui l'intéresse. Je suis dans la descente et le pipit me grimpe sur l'épaule et tente de forcer le passage. Je le saisis et l'assigne à résidence dans le cockpit. Il l'explore et va se réfugier sous la capote.

    A 12h GMT, soit 14 heures, Jaoul a parcouru 110 milles en 24h.  Vitesse moyenne, 4,6nds. Reste 568 milles à parcourir.

    16h. Croisé le deuxième cargo depuis les Açores.

    On est passé en régime anticyclonique. Vent de sud-est au nord de la Galice, puis est et nord-est en arrivant sur la Bretagne. L'effet se fait sentir puisqu'on est passé du cap 50° au cap 5° en restant au près.
   
    Le pipit farlouse a pénétré ma cabine par le capot entrouvert. Il a chié sur ma couette et sur mon matelas. Je l'ai retrouvé blotti dans mon linge sale. Furieux, je l'ai remis dehors.
    L'animal facétieux a alors mis sa tête sous son aile comme s'il avait honte d'avoir chagriné son hôte. Puis, j'ai refermé le capot de ma cabine et nettoyé les fientes. 

                   
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    Plus tard, ne voyant plus le pipit, j'ai pensé qu'il était parti. Ben non ! Il y a des pastilles blanches sur la banquette bâbord du carré. L'oiseau est entré de nouveau et a encore chié. Je fouille partout et le trouve planqué sous un coussin. Je le fous dehors et ferme le capot de descente.
    Maudit zoziau !            
   
    Avec le soleil, la température atteint 26° dans le bateau.

    19h30. Vu une couture en train de lâcher sur le yankee. Mis Jaoul vent arrière afin de déventer le yankee et l'affaler sans difficulté.
    Sous grand-voile arisée et trinquette, Jaoul file 3nds.

    23h 30, le yankee est recousu. Vent force 3 à 4. Cap 344°.




Lundi 22 septembre.

    Le yankee a été remonté à 8h. Puis la grand-voile otée, rangée dans soin sac et la suédoise , une voile sans latte, plus creuse et moins haute, plus longue sur la bôme, endraillée à sa place.
    Travail terminé à 11h.
    Jaoul a repris sa route normale. Vent force 3 à 4 d'est à nord-est obligeant à tirer des bords.

    Je n'ai pas retrouvé le pipit farlouse à mon réveil, ni de nouvelles chiures. Il est sans doute parti définitivement.




Mardi 23 septembre.
    1h. Virement vent arrière, lof pour lof, intempestif. Vent faible de nord-est. Cap 110°. Vitesse 2,5nds.
    9h30.La température passe sous les 20°.

    La progression de Jaoul devient problématique. Il va falloir employer le moteur. Je calcule combien il reste de gaz-oil et combien d'heures le moteur peut tourner avec ce qu'il reste. Voile avec appui moteur ou bien le contraire devrait pouvoir me propulser jusqu'à Carentan sans avoir à refaire le plein dans un port sur la route.

 
Des dauphins communs viennent jouer autour de Jaoul et me tiennent compagnie pendant une demie-heure.

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Jeudi 25 septembre.

    On a changé de modèle de puffin. Au revoir les puffins cendrés ! Bonjour les puffins des Anglais ! On a changé de mer aussi, troqué  l'Atlantique pour la Manche dont les courants se font sentir dès à présent. L'eau a perdu de sa profondeur et la couleur azur des grands fonds. Le sondeur a recommencé à afficher des profondeurs, on est désormais au dessus du plateau continental et l'eau est redevenue émeraude.

Au matin d'une belle journée sans vent
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    14h. Parcouru  101 milles en 24h.

    18h. De l'eau suinte de la pompe. Le collier est parti. Remise d'un nouveau collier et resserrage général.

    Passage du rail de Ouessant en coupant presque à angle droit pour en finir au plus vite. Les cargos se voient bien sur l'écran de l'AIS. L'un d'eux qui fait route de collision avec Jaoul donne un coup de barre et passe à un plus d'un mille.

    Après trois mois de croisière aux Açores, je renoue avec les heures de marées, les courants.

    Au su et au vu des prévisions météo, du nord-est persistant et des courants de vives-eaux en Manche, j'ai décidé de faire escale à Ouessant pour attendre un vent favorable.




Vendredi 26 septembre.

    Grâce à la trace de Jaoul sur l'écran de l'ordi, je corrige mon cap compas au fur et à mesure de manière à entrer avec le flot dans a baie de Lampaul (Ouessant).
   
    8h. Prise de la bouée n°22. Les maisons bretonnes, j'ai plaisir à les retrouver, sobres et clairsemées. Ca me change du Portugal. Puis je vais me coucher. Fin d'une traversée de 12 jours.
    Au réveil, la baie semble vide. Un seul autre bateau sur bouée, désarmé.




Samedi 27 septembre, Ouessant.

    C'est la fin de semaine et quelques voiliers s'amarrent aux bouées.

    Visite de la douane. Cinq gaillards montent à bord. Courtois, ils s'excusent presque d'avoir à fouiller le bateau. Ils le font sans grande conviction.

    20h. La nuit tombe avec un peu de brume. C'est tôt. La saison est bien finie.

Le phare du Creac'h balaie la baie.
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Lundi 29 septembre, baie de Lampaul.

    J'aurais bien aimé échouer Jaoul le long du quai dans le petit port de Lampaul comme je l'ai déjà fait à deux reprises, parler avec les gens, aller chercher le pain... Mais pour quitter la baie de Lampaul depuis ce port d'échouage, il faut 2 marées : la haute pour pouvoir sortir du port, la basse pour profiter au mieux du courant de flot très fort aux abords de Ouessant et gagner le large. Deux marées, c'est du temps qui passe et je n'ai plus envie de musarder.

    15h. La bouée est larguée, la dernière partie de cette navigation a commencé. Je contourne Ouessant par la chaussée Keller. Le courant puissant me pousse rapidement loin de l'île. Peu de vent : sud-est force deux.


    18h. Je croise un trois mats goélette hollandais, le Gulden Leew, qui fait route vers Vigo. A une autre époque, avec la brume et  les couleurs du soir, on serait terrorisé par l'apparition du  "hollandais volant", le légendaire bateau fantôme
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« Les marins de toutes les nations croyaient à l'existence d'un bâtiment hollandais dont l'équipage était condamné par la justice divine, pour crime de pirateries et de cruautés abominables, à errer sur les mers jusqu'à la fin des siècles. On considérait sa rencontre comme un funeste présage. »


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Mardi 30 septembre.

    11h. Moteur et voile. Le vent de sud-ouest est faible mais peut être suffisant pour gonfler le spi. Je grée l'accastillage de spi et le tangon.
    12h. Tout est en place. J'envoie le spi.
    Hissé à moitié, il gonfle sa belle bulle. Puis la drisse devient dure. Impossible à hisser plus haut car elle est prise derrière une barre de flèche.
    J'essaie de redescendre la drisse, le spi frôle l'eau. Je tente de le rehisser, mais trop tard. Le spi chalute, déchire da bordure et passe sous le bateau et le tangon se plie contre un hauban.
    Le spi, à la poupe fait office d'ancre flottante. Impossible de ramener écoute et bras. La drisse qui passe au dessus du portique arrière menace d'emporter l'éolienne. La situation est scabreuse. Je ferle la grand-voile, roule le yankee complètement, lève les deux dérives. Celle de derrière ne veut pas remonter, l'écoute de spi est prise dedans.
    Bon. Je commence à ranger tout ce qui peut l'être avant que la situation ne s'aggrave.
    Je donne un coup de barre pour mettre Jaoul travers au vent, du côté opposé à celui de l'éolienne. La situation se dénoue. L'écoute de spi devient molle, je peux donc lever la dérive arrière, libérer l'écoute et récupérer le spi dégoulinant tout en lâchant de la drisse.
    Je laisse le spi en tas sur le pont, il est pesant d'eau de mer, on verra plus tard quand il sera égoutté.

    Je suis un peu dépité, moral dans les chaussette, une troisième voile hors-service, çà commence à faire beaucoup.

    Ce qu'il aurait fallu faire : bloquer la drisse de spi, venir au vent, larguer le point d'amure de spi,  ramasse la toile sous la grand-voile tout en lâchant de la drisse...
      ... et réenvoyer le spi en s'assurant que la drisse ne passe pas derrière une barre de flèche.

    Après deux heures de boulot, je remets Jaoul en route.

    21h30. Il fait nuit. Le courant est redevenu portant quand Jaoul vire les Casquets.
    Je suis assis sur les marches dans la descente, à appuyer sur les boutons de commande du pilote électrique pour corriger le cap au fur et à mesure qu'on progresse vers l'est et je vais à l'ordi vérifier la trace de Jaoul sur l'écran. De temps en temps, je vérifie en passant ma tête par dessus la capote.
    L'île d'Aurigny est proche et Jaoul pique dessus. Mais la dérive due au courant est telle qu'il n'y a aucun risque de faire côte. La route de Jaoul passe au nord.

     


Mercredi 1 octobre.

    Minuit. Aurigny dépassée, sans la protection le l'île, le courant, le raz Blanchard, nous emporte vers le nord. Je donne 10 à 20° de plus au pilote plusieurs fois de suite. Pour faire de l'est, le cap compas est au 130°, voire plus. Jaoul se retrouve à faire du près, avec l'appui du moteur, bien-sûr. Les mouvements du bateau sont doux, sensation de vitesse, d'une glissade sans fin et sans bruit sur l'eau.

    3h. Devant Querqueville, dans la rade de Cherbourg, je jette l'ancre et vais me coucher, dormir le temps que le courant s'inverse de nouveau pour pousser Jaoul vers sa destination finale.
   
    8h30. Le réveil-matin étant resté à l'heure des Açores, je me lève en retard, saute dans mes chaussures et cours déraper. Pas le temps de prendre le petit déjeuner, il faut partir pour que Jaoul soit rendu devant l'écluse de Carentan avant 18h.  Le courant n'attend pas.

    10h. Je n'ai pas idée du gazole qui reste dans le réservoir. Peu, sûrement. Pour ne pas risquer la panne sèche au moment inopportun, comme pendant la remontée du canal de Carentan, je verse le contenu d'un bidon de 20l dedans. C'est suffisant pour rentrer au port.

    Midi, le raz de Barfleur.

    St Vaast. Paysage familier.
    St Marcouf.
    Je tais le moteur.

    Jaoul glisse au près sur une mer lisse et parvient aux première bouées du chenal.
    Le moteur de nouveau.
    Les voiles à ferler, les pare-battages le long de la coque, les amarres aux taquets.

    Le chenal entre les bouées.
    Le canal.

    L'écluse enfin.
    Ouverte.

    Olivier, l'éclusier, m'accueille en prenant l'amarre d'avant.
    Michèle est là, prévenue par le site Internet Marine-Traffic qui suit les bateaux munis d'émetteur AIS comme Jaoul.

    17h30. Le moteur s'est tu, Jaoul est amarré à son poste.

    Fin de la traversée.  Praia da Vitoria-Carentan, 1440 milles, 17jours dont 14 en navigation.
    Fin du voyage.



Dans l'écluse
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Fatigué le Pitaine, hein ?
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Le bilan du voyage

   
    Le bilan d'un voyage en voilier, par coutume, commence par le nombre de milles parcourus histoire d'être fier d'avoir bourlingué plus que les autres années, plus que d'autres navigateurs...
    Eh bien, voilà ! Du 3 mai au 1er Octobre 2014, soit pendant 5 mois, Jaoul a parcouru 3940 milles.
    Il a aussi brûlé 300 litres de gazole, déchiré trois voiles, plié un tangon, perdu 2 pare-battages, cassé en partie un bas-hauban...

  

    Je ne sais par quoi commencer tant mes souvenirs, ceux de mes humeurs et pensées que j'éprouvais durant ce voyage, sont différentes de mon sentiment à l'heure où j'écris au calme de ma chambre dans ma maison près de Rouen.

    Je suis revenu de cette navigation en pleine forme physique avec 5kg de moins. Cependant, à l'escale de Ouessant, j'ai fait une chute dans la descente du bateau sans gravité, mais je me suis relevé avec une hernie inguinale que je dois faire opérer bientôt. Ceci n'entame pas la sensation de bien-être que j'éprouve, comme au retour de chaque croisière. Une forme physique qui va disparaître, comme chaque année, durant l'hiver.
    Non, je ne suis pas un sportif. Je ne peux maintenir mon corps en bonne forme rien qu'avec cette seule motivation. Il me faut un but autre comme celui de me balader sur l'eau, découvrir des paysages plaisants, vivre une aventure aussi modeste soit-elle,  pour consentir sans ennui à faire bouger mon corps.

   

Les Açores

    Une destination lointaine à ma portée, qui m'avait fait rêver, il y a plus de trente ans. Je ne pouvais pas y accéder faute de temps disponible à cause du travail.

    Dans l'archipel, il n'y a pratiquement plus de végétation originelle. Elle a été remplacée par des cultures et des végétaux apportés par les navigateurs de toutes les parties du monde.  C'est un jardin luxuriant que les Portugais entretiennent avec amour et c'est donc en touriste qu'on aborde ces îles bien plus qu'en navigateur, même si elles permettent à ceux-ci  une escale reposante au retour d'une transat.

    La navigation, telle que je l'aime, c'est après une journée de mer, le petit mouillage dans un endroit abrité dont on est impatient d'explorer la grève le lendemain. Ce n'est pas aux Açores qu'on peut pratiquer ce genre de navigation. Les mouillages sont rares, en eau profonde, ouverts et sujets à la houle qui ne cesse jamais. Ou bien, si elle cesse, elle peut reprendre de n'importe où même par vent nul. De même qu'une prévision météo de vent calme ne dit pas qu'on aura à subir un vent qui dévale la montagne à force 6 le soir venu. Les fonds rocheux obligent à oringuer.

    C'est donc en marinas qu'il convient d'amarrer son bateau. Heureusement, elles sont bon marché. Eau et électricité à poste et à volonté.
    12 euros par nuit pour un bateau de 11m, sauf à Praia da Vitoria ou la place ne coûte que 5€50.
    Dans chaque marina, il y a des douches et une laverie automatique avec lessive fournie (sauf à Lajes do Pico). 2€ la douche. Et à Horta comme à Praia da Vitoria, on a droit à une serviette et une savonnette.  Si on est pingre, on peut se laver au tuyau sur le pont du bateau ou sur le ponton, le climat s'y prête.
    Dans le port de Praia à Graciosa, c'est gratuit et l'on peut avoir de l'eau potable au robinet. Pas d'électricité cependant, mais avec les panneaux solaires, nous étions en complète autonomie.
    Les marinas incluses dans un aménagement touristique en front de mer ne sont pas agréables à vivre (Ponta Delgada, Angra à un degré moindre), les toutes petites comme celle de Porto das Velas (Sao Jorge) ou Vila do Porto (Sta Maria) sont bien plus intéressantes. Heureusement, les aménagements touristiques immobiliers comme on peut en voir en Algarve ont fait un flop ici. On en trouve en ruines avant la fin de la construction. Pas de grandes plages où s'étaler au soleil, pas de grandes chaleurs et pluies parfois. Ici, c'est plutôt un paradis pour les randonneurs.

    Donc, je me suis résolument transformé en touriste. J'ai visité ce qu'il y avait à voir sur les îles sans chercher l'inédit. Les possibilités de déplacement en bus sont rares sauf sur Sao Miguel. La location de véhicule est obligatoire. Cependant, il faut s'y prendre en avance pour réserver, surtout en août. Reste le taxi, il est bon marché. Ce qui est intéressant à voir aux Açores, ce sont les paysages formés par le volcanisme qui se parcourent en randonnée.

    La nourriture n'est pas chère, on trouve de tout. Les restaurants sont aussi bon marché. Cependant, la cuisine portugaise est faite principalement de plats mijotés, beaucoup de poissons et de mollusques, pas très raffinée à mon goût (de la grosse tambouille). Les vins sont corsés.

    Dans chaque port, il faut faire son entrée et sa sortie même si on appartient à un pays de l'espace Schengen et visiter trois administrations. A Ponta Delgada, comme à Horta,  après avoir saisi les informations (qu'il a déjà, puisque la première marina visitée renseigne un fichier central auquel toutes les autorités ont accès), le capitaine de port remet au skipper trois feuillets identiques concernant les caractéristiques de son navire et l'identité des passagers, la durée supposée de son séjour et la prochaine escale. Ensuite, on va frapper au bureau d'à côté, remettre un feuillet que le type va mettre dans un classeur après avoir saisi les informations sur son ordinateur. On fait ça deux fois encore. Les trois bureaux, l'un à côté de l'autre sont la Guarda Nacional Republicana (la gendarmerie), l'Alfandega (la douane), et un service fiscal. Si l'employé de ce dernier service n'est pas là, on passe.
    Et au moment de partir, on repasse dans chaque bureau, chaque feuillet est ressorti du classeur, dûment tamponné et le fichier informatique mis à jour. Ce qui est remarquable c'est que  la télévision fonctionne en permanence dans les bureaux de la gendarmerie. J'ai pu le vérifier à Graciosa où il n'y avait que la gendarmerie à visiter.
 
  Dans certains ports, Velas, Angra, Praia da Vitoria, le capitaine de port a une délégation et transmet lui-même aux autres administrations les informations concernant le navire en transit.
  C'est curieux de voir ce pays fonctionner comme dans les années 50 en France en dépit de l'informatique.

  L'île qui m'a le plus dépaysé est Santa Maria, elle est peut-être celle qui me conviendrait le mieux pour un séjour prolongé. Elle a un côté exotique presque tropical avec ses cactus et ses agaves et surtout son habitat dispersé qui fait qu'elle a une campagne habitée et sympathique.
  La plus jolie est Sao Jorge, suit Sao Miguel qui recèle de somptueux paysages.

 

Le Portugal continental

  Pas de petits mouillages sur la côte ouest trop rectiligne. Certains estuaires sont à explorer. Mais, l'entrée est souvent rendue difficile par une barre et des hauts fonds.
  Par contre, l'Algarve, la côte sud, bien que mitée aux immeubles de vacances recèle des coins bien sympathiques à l'intérieur des lagunes comme celle de Faro.
  J'ai beaucoup aimé le mouillage devant Culatra et je regrette de ne pas y être resté plus longtemps afin d'explorer la lagune.

 

La Galice

    J'ai été un peu déçu par la Galice. Le littoral est très construit et de hideux immeubles jouxtent trop facilement de belles bâtisses. Peut-être y-a-t'il des mouillages intéressants. Celui de l'ïle d'Arousa l'était, mais le bourg attenant pas du tout. Il faudrait y passer plus de temps en restant hors saison. Cependant les rias offrent une bonne protection contre le mauvais temps.

    Je retiendrais deux endroits et promenades qui m'ont vraiment plu.
  • La remontée de la rivière de Ponte da Porto dans la ria de Camarinas et la promenade dans la montagne plus en amont.
  • Le mouillage aux îles Cies et la promenade au sommet des îles.

 

Madère

    Je n'y suis pas allé par manque de temps et puis c'eût été compliqué de visiter l'île sans trop dépenser d'argent. Cependant, j'aurais eu le temps d'aller à Porto Santo plus accessible pour moi et sans doute moins envahie par les touristes.

   

Les traversées

    C'est ce que j'appelle la longue route. C'est elle qui m'a motivé pour aller aux Açores (et non pas la visite qui peut se faire plus facilement en organisant son voyage en avion et en ferry).
    La longue route, une semaine et plus, est une épreuve à laquelle j'avais envie de me confronter. Elle fait partie intégrante de la vie d'un navigateur. J'ai un sentiment ambigu à son sujet qui varie selon que je suis en train de la vivre ou bien après l'avoir vécue.

    Un espace penché qui bouge beaucoup rend la vie quotidienne difficile.
    Les premiers jours de la traversée de Faro à Sta Maria me furent pénibles. J'avais envie de renoncer. Je disais que ce n'était pas ce que je voulais vivre en mer et je regrettais la navigation à la journée et le petit mouillage du soir.
    Puis, j'ai lâché mon stress au sujet de la collision possible si je n'arrivais pas à dormir par tranches d'un quart d'heure. Quand je me suis autorisé à dormir sans limite sur les grands fonds, avec l'AIS en veille, j'ai trouvé aussitôt mon rythme et mon sentiment a changé envers la longue route. Hormis le suivi de la route et les manoeuvres, les besoins physiologiques, sur les grands fonds la nuit je dors, le jour je bouquine.
    La traversée Faro-Sta Maria m'a semblé plus agréable quand j'ai pu passer mes nuits à dormir et mes journées à contempler la cristalline beauté de la mer azur, à goûter la douce température de l'air, à faire ma vie tout simplement.

    La traversée retour, plus longue, curieusement m'a paru moins difficile à vivre  malgré le temps musclé au début et la pétole à la fin. J'avais une grosse envie de rentrer, cette motivation aide beaucoup. Elle m'a permis d'endurer un inconfort que j'aurais pu réduire en abattant vers les côtes espagnoles quitte à y faire escale.  Ensuite, j'ai trouvé qu'il me fallait éviter de heurter les choses dures (j'ai eu moins de contusions au retour), éviter de m'opposer aux mouvements du bateau, et renoncer à faire des choses rendues trop compliquées. Plus tard, il fera beau et ça bougera moins !

  Je suis content d'avoir accompli ces traversées malgré les inconforts, les humeurs sombres qu'ils ont nourries. Est-ce que j'ai envie de recommencer ? Oui et non, ça dépend, une réponse à la Normande, quoi !

   

Les rencontres

    C'est ce qui donne de la profondeur au voyage, bien-sûr, mais ça dépend de quelles rencontres il s'agit.
    Il y en a de deux sortes : celles avec d'autres navigateurs plaisanciers et celles avec les gens du pays. Les premières sont sympathiques, conviviales, mais assez peu nourrissantes parce qu'attendues. Ce sont les plus nombreuses. 
    Les autres sont plus rares, souvent brèves, rendues difficiles à cause de la langue, mais elles ouvrent sur l'inconnu, le différent. Ce sont les plus intéressantes.

    C'est en marina qu'on rencontre ses semblables, mais c'est aussi en marina qu'on ne rencontre pas les gens du pays. Parce que ce sont des mondes qui ne s'interpénètrent pas. Il en est de même pour les touristes.

    Beaucoup de rencontres de marins français, ils sont les plus nombreux, les anglais viennent ensuite sauf à certains endroits ou ils forment des colonies comme à Bayonna. Les Hollandais viennent en troisième position.

    On rencontre surtout des équipages au Portugal et des couples (retraités)aux Açores ou des navigateurs solitaires (Horta faisant exception en mélangeant les genres). Parmi les couples(des retraités), il y a ceux qui revenant des Antilles, s'arrêtent aux Açores et y demeurent. Ils hivernent à bord et rentre en France en avion brièvement. D'autres laissent leur bateau au sec en septembre et reviennent le mettre à l'eau en mai. La motivation de ces couples, c'est le climat plus doux qu'aux Antilles,  la vie bon marché, la gentillesse des habitants et la sécurité qu'elle procure, et les frais de port faibles. En effet, après trois mois de séjour aux Açores, on peut obtenir le statut de résident permanent, ce qui a comme avantage de diviser par deux les frais de port qui sont normalement peu élevés. Ce substantiel rabais suffit à couvrir largement les frais des voyages en avion. 

    Aux Açores, on rencontre des navigateurs Américains, des Canadiens (la distance de Terre-Neuve aux Açores est la même que celle des Açores à Cherbourg).

    Les vrais rencontres ne se font qu'au singulier. C'est l'accostage dans un petit port qui permet la curiosité nécessaire à la rencontre. Puis les balades dans l'arrière pays, celui qui n'est pas accessible au touristes. Ainsi, la plus belle des rencontre fût, en Espagne, celle de deux soeurs qui ont vécu 40 ans en exil en Angleterre. Revenues au pays, elle sont restées farouchement républicaines.
    Tant au Portugal qu'aux Açores ou en Espagne, c'est parmi les exilés ou émigrés de retour au pays qu'on trouve des gens à qui parler facilement. Ils s'expriment en anglais pour les émigrés américains, en français pour ceux qui sont venu travailler en France. J'ai eu l'occasion de parler avec eux.

    Grâce à la rencontre de José-Joao Bettencourt, le pêcheur de Graciosa, j'ai eu envie de connaître l'origine de ce nom français. Le nombre de Bettencourt qu'on peut trouver aux Açores est impressionnant. Ces gens sont tous des descendants du Français Jean de Béthencourt, Normand né en 1362 à Grainville-la-teinturière (Seine Maritime), seigneur de Béthencourt-sur-Mer qui conquit les Canaries et en devînt roi. Certains de ses descendants vinrent aux Açores via Madère. Certains émigrèrent en Amérique du sud. On trouve des Betancourt, Bittencourt, Bettencourt, Béthencourt dans tous les pays de langue espagnole ou portugaise et en France.

   

La pêche

    J'ai traîné une ligne durant presque tout mon voyage. J'ai perdu trois leurres emportés par de trop gros poissons. J'ai pêché un maquereau espagnol et trouvé un poisson volant sur le pont du bateau et c'est tout.
    Pour les amateurs de pêche ou chasse sous-marine, les Açores sont un paradis. J'ai vu des tableaux de chasse impressionnants avec des poissons de grande beauté. Charles a pêché des balistes qu'on a mangés en pain de poisson.